09 avril 2007

Salmigondis









C'est l'heure où le chien pleure.
Il fait toujours ça quand il a bien mangé. C'est son trip.







J'hésite en chien à publier un nouveau morceau
parce que ce faisant,
je vais envoyer Sarah et Noémie aux archives.

J'aimais ça les voir trinquer dans un bar à Cuba avec leurs beaux yeux de jeunes fleurs au soleil

mon éternité

J'me reprendrai. Je les publierai de nouveau. Papa oblige.

Je n'ai rien fait de bon aujourd'hui, lundi de Pâques.

Je devais aller au bureau pour assurer mes lendemains, j'ai niaisé en pyjamas jusqu'à quatre heure de l'après-midi.

J'ai fait de l'anglais toutefois.
J'ai écouté CKUT.
Je suis sujet britannique, le saviez-vous?
Et je ne suis jamais assez bon pour Sa Majesté
qui me teste de temps en temps
How do you do?
I sluff off...

J'ai lu 3 pages de Richard Rorty, Truth and Progress, Cambridge University Press, 1998, et j'ai pensé à Onassis.

J'ai lavé mon parka d'hiver. J'ai laissé mes clés de char dans mes poches. Elles n'ont pas apprécié se faire assouplir à l'odeur de lavande. Démarreur à distance caput.

J'ai fait cuire un poulet dans le vin blanc avec champignons, oignons, carottes, coriandre, thym citronné, poivre, basilic... Au départ, j'avais vainement tenté de le flamber à la cachaça. Beaucoup d'alcool brésilien, pas de flamme. Pas grave. Ça m'a fait repenser à Josette, une amie Française rencontrée en Louisiane et avec qui, jadis, j'ai vu de mes yeux vus flamber.

C't'ait bon! Nous sortons de table. J'ai envie de hurler comme le chien.

Aujourd'hui, qu'est-ce j'ai fait?

J'ai fait deux commentaires sur des bloques amis. Que c'est doux à mes oreilles dire : amis.

C'est ce que j'ai fait de mieux aujourd'hui.

Il y a d'abord eu un mot cochon chez Caroline. Ses Carolinades sont populaires, plusieurs centaines de lecteurs s'arrêtent chez elle chaque semaine. Elle achève un long séjour en la douce France, là où les mimosas éclaboussent l'oeil des passants avant que l'hiver ne tire à sa fin! Ce matin, elle disait :«Il est vrai que plusieurs doivent se promener à vélo aujourd’hui. Au Québec je ne sais pas mais ici, il fait si beau. J’y étais ce matin justement.»

Ce à quoi j'ai répondu :

avril 9, 2007 à 10:30 am

«Lundi de Pâques, reste un peu de paille, moins de cocorico dans le fond des paniers. Ici, mon Kanuk se balance au vent sur la corde à linge. Y était pu rouge vin, y était nouère gommé d’hiver cerné. Il se balance avec des glaçons au bout des manches. C’est beau ici, mais fret, venteux pour le vélo. Carol (celle qui partage ma vie) revient d’une marche et dit : «C’est très froid! C't'encore l’hiver. Le soleil est trompeur.» Par contre, vois comme le monde est bien fait : je suis sûr que ce «moins quatre plus un» provoque, aguiche mes quatre boquettes, en cambrousse, accrochées aux chalumeaux qui sont plantés dans l’écorce des érables aux orifices mouillés, et qui continuent de recevoir une à une, goutte à goutte, la visite rarissime de la sève venue des racines fragiles. Pourvu que ça gèle la nuit en avril et que ça grimpe au-dessus de zéro pendant le jour. Je ne suis pas sur place pour boire goulûment et l’eau va fatalement déborder, inonder, sucrer les plaques de neige qui restent autour, mais ça me réjouis pareil d’y penser. Ça titille mon nain conscient. M’en vas juste aller sur la galerie voir si mon parka est sec en me faisant peut-être dans la tête une image un peu cochonne du printemps, en rapprochant très très près l’un de l’autre EVE et SEVE... Karo, bon vélo! Profite du beau temps qui passe…»

Karo m'a répondu par courriel : joie! joie! dit-elle.

Plus tard, fait un saut chez le jeune T-Rex qui fête ses 23 printemps et qui a le nez dans ses livres. Talentueux comme 50 . On trouve dans ses pages des clichés de Françoise Sullivan, une photo du trou de la mine de Black Lake, puis une référence à Armand Vaillancourt.

C'est long, c'est long, mon commentaire, je radote, la vitre baissée, mon blogue n'est pas pour les excités de la farce courte en mini-jupe.

Qui m'aime me suive :

«Black trou d'Armand, ce n'est pas North Hartley! Je l'aime beaucoup celui-là. J'ai pas d'éducation en arts, suis analphabète, mais je tiens de Vaillancourt quelques lumières pédagogiques qui restent toujours allumées. Son goût pour les vaches m'a rejoint tout de go à cause de ma lignée et du fait que moi aussi, jeune, j'ai roupillé le matin sur les flancs chauds noir et blanc alors que je tirais mécaniquement les trayons de la patiente bête. Je ne me suis jamais planté un clou rouillé dans le pied, par exemple. Ses voyages sur le pouce partout aux États m'ont aussi enthousiasmé. Il visitait des usines pour voir comment on fait. Poësis. ποιεῖν.

Pendant une décennie peut-être, je me suis accoté en toutes saisons pour lire, dormir, écrire... contre Samothrace (1967), une oeuvre d'acier massif (trois tonnes) peint noir, boulonné, torché au chalumeau dans le haut. C'était une des plus belles sculptures publiques à Montréal sise dans le jardin du Complexe Guy-Favreau, où je travaillais avant. Pas moi qui l'invente, je l'ai lu dans un livre spécialisé. Un jour, j'ai su qu'on l'enlèverait définitivement lors d'un réaménagement majeur. J'ai fait une crise. On a inventé un paquet de menteries : l'oeuvre était réclamée dans l'Ouest, ou bien avait besoin de restauration; une autre fois, c'était parce que l'artiste désirait la racheter. Ça a adonné que sur l'entrefaite je croise Armand lors d'une manif (guerre en Irak) devant Guy-Favreau. Il a carrément démenti. En fait, c'était, je crois, bêtement une question de piastres : on ne voulait plus payer le loyer pour mon amie very strong. Je me suis vraiment ennuyé de cette grande proue noire où les araignées tissaient des toiles reluisant au soleil alors que le quartier chinois, qui sent le sucré, comptait ses heures à l'envers. J'ai fait ma petite enquête et j'ai su de première main que l'oeuvre avait été «rapatriée» à Ottawa. Et j'avais honte, ostie! Quelque temps après, je me suis rendu a Hull pour ma job. Mon hôtel était juste de biais avec le Musée des Civilisations. De ma fenêtre, j'ai cru entrevoir de loin le cadrage si familier du tic tac toc dans les airs, à la fois ancre et croix... Je me suis déplacé tout de go. Ben oui, sur l'esplanade avant du Musée, Samothrace, qui fait neuf pieds de hauteur, trône durant l'été parmi une douzaine d'oeuvres canadiennes «modernes», métalliques... Mais c'est elle qui a le plus de gueule avec un peu d'usure grise au bas de la poutre centrale venue du frottement de mon dos! Je suis content pour Vaillancourt parce qu'il a beaucoup plus «d'exposure» que dans le jardin assez intime de Guy-Favreau. Mais je m'en ennuis pareil et c'est une perte pour Mon Réal.

Une fois, j'ai vu Vaillancourt à la t.v. jouer de l'harmonica pour Michel Chartrand. Si je ne fabule pas, il y avait aussi Gaston Miron. C'est pas mal mes idoles, ces gars-la. Avec Bourgault, Lévesque, Vigneault, Leclerc. J'aurai pas assez d'une vie pour arriver à la cheville de ces géants qui ont tous en commun une ligne, un mot : liberté.

Sullovan, Françoise, je comprends qu'elle t'insuffle des folies. Son travail est méconnu. Ses pas inspirés ont ouvert des bouts de chemins libres dans le ciel automatiste des peintres, des musiciens et des écrivains... Ce bon vieux bleu Ciel de Québec... Déjà, faut-il se souvenir de nos plus belles fables? C'est la question que je poserais au narquois Docteur Ferron s'il était encore là. Je ne me relis pas.»

Fin de journée. Saut au IGA du coin pour Carol qui me donne 20 $ et sa liste. J'oublie mon portefeuille. J'ai juste le 20 $ dans les poches. Items à coucher dehors en France! Carol pense avoir une inflammation de la vessie. Elle me demande avec des astérisques après chaque item :

Eau de Vittel!!!
Tisane à la basserolle ou (une chance que j'ai le choix)
aubier de tilleul...
Chlorophyle liquide ou en comprimés (veux-tu que je fasse rire de moi, Carol?)
Oignons blancs juteux (s'ils ne sont pas juteux, je les prends quand même?)
bouillon d'oignon
Jus de canneberge

J'ai ramené ce que j'ai pu! Oignons blancs, tisane au tilleul et au citron, canneberge... Ça m'a coûté 19,99$!

J'ai reçu un courriel de Ivy rappelant que ce mercredi, c'est soirée slam au Vys. Les portes ouvrent à 19h30. Je me demande si la Louve va réussir encore une fois à passer par la cheminée des V.I.P.?

Voilà. Je n'écrirai pas avant un mois.

Photo de la peinture (que j'aime beaucoup) en haut de la page : Nicolas Dunn-Plante, alias T-Rex, série Poèemes à la main (blogue discontinué).

Photo (pas très bonne) de Samothrace : Conseil des arts du Canada

8 commentaires:

Nina louVe a dit...

Ouaaaah !

Quelle journée ! Vive les pyjamas et les fond de coco.

Dilicious mister Jack.

Jack a dit...

Y reste la moitié du poulet. Bienvenue! Va passer en hot chicken,frites, petits pois... Y reste aussi des poules en chocolat en masse vu qu'on a acheté la provision de Pâques chacun de notre bord le même jour...

Karo Lego a dit...

Jack-qui-m'émeut ! Ça sent non seulement le bon poulet par chez vous mais aussi la liberté, l'âme et la folie douce.
Tu me fais rire, tu me fais voyager (même dans ton quotidien à l'épicerie), tu m'inspires...
Vaillancourt, je l'aime aussi. J'y avions deux fois faite une poignée de main franche. C'est du solide cet Armand là. Du beau, de l'inspirant.
La peinture que tu nous offres today est vraiment parlante.
merci pour ce long et bon courriel...
Je ris encore cette phrase ci: C'est long, c'est long, mon commentaire, je radote, la vitre baissée, mon blogue n'est pas pour les excités de la farce courte en mini-jupe.

Et puis Karo t'a aussi faite c'te réponse là sur son blog:

@ Jack the great ! Merci pour ce succulent récit de lundi de Pâques ! C’est tellement ÇA que j’avais l’impression d’être avec toi pis celle qui partage ta vie sur ta galerie. J’avais aussi l’impression de faire partie du Kanuk tout propre qui se balance au vent. Je ne sais pas encore si j’étais les glaçons aux manches ou bedon les manches elles même ou peut-être le vent, c’est ça peut-être j’étais le vent. M’enfin. Une chose est sûr, j’étais là ! Je suis partie faire une p’tit promenade au moment de la S’EVE histoire de pas être obligée de jouer les chaperons, rouge de gêne de s’immiscer dans des histouères cochonnes qui sont pas les siennes.

Santé et bonne eau d’érable cher ami !

Anonyme a dit...

Euh, tu n'écris pas avant un mois ? Why is that mister Jack ?

Merci pour la pensée...

Jack a dit...

Carolinade : que de bons becs sucrés. Hum!

Onassis, un mois d'abstinence, c'est bien trop virulent pour le corps, je l'avoue, je serai pas capable! Au moins des petits jets de mots crachés furtivement avant de me coucher! Mais faut que je me calme le pompier. J'suis en maîtrise moé étout. J'ai une grosse ligne morte à rencontrer le 31 mai. Pis même ici maintenant, je devrais être en train de bosser, une autre grosse grosse ligne morte à rencontrer DEMAIN! Mais fais-toi z'en pas, j'aime ça exagérer... J'suis un dramatique comique.

Anonyme a dit...

Sur ces deux points, on se ressemble : on est des dramatiques comiques. Et on a une maîtrise à finir.

Alors, oui, c'est une sage décision. Si tu as remarqué, je pèse sur le frein souvent ces temps-ci. Il faut ralentir. Pour ne pogner de tickets...

Question : y a-t-il un lien entre Onassis et Truth and Progress (À part que la vérité n'existe pas...)

Jack a dit...

Il y a, il me semble effectivement, tout un horizon de liens à esquisser à l'angle des avenues Onassis et Vérité toute nue, toute crachée, toute crue, la pure vérité qui n'est pas toujours bonne à dire et que l'on jure de dire toute, rien que, seulement que... Mais à entamer autour d'une bière, ce serait bien plus le fun, bien moins compliqué...

Anonyme a dit...

D'acc. On y reviendra...