12 septembre 2007

Ces chers Chigago boys!






Changement de registre. Je greffe au wagon de la pensée critique le brûlot incontournable de l'heure, voire la bombe lancée le 4 septembre dernier par Naomi Klein sous le titre The Shock Doctrine - The Rise of Disaster Capitalism (Knopf Canada).

De passage récemment à Montréal, l'auteur déclarait que son essai «ne fait que gratter la surface d'un immense fléau» (Le Devoir, 6/09/07), à savoir que les catastrophes naturelles, les guerres, les coups d'état, la déstabilisation politique et autres gentils petits fléaux s'abattant sur notre terre sont délibérément exploités «par des ''prédateurs capitalistes'' qui profitent de cette dislocation pour favoriser leur propre développement économique» (Lisa-Marie Gervais, Le Devoir, op. cit).

Cette thèse rejoint le bon sens populaire qui me faisait si peur quand j'étais petit : «L'économie va mal. Tu va voir! Ça va leur prendre une bonne guerre pour régler ça!» Naomi Klein me semble aussi proche des penseurs comme Michel Onfray (Politique du rebelle, 1997), pour n'en citer qu'un seul.

Cet essai original, espèce d'histoire parallèle du capitalisme contemporain, savonne notamment la pédagogie de l'école des illluminés de Chigago (années 1970) à laquelle appartenait de cœur avec ses deux couilles la très policée Margaret Thacher, des économistes chiliens travaillant pour Pinochet, des professeurs comme Milton Friedman, etc. C'est une pédagogie très simple puisque ces grands ducs du pouvoir appliquent rigoureusement les mêmes solutions du néo free market, peu importe les problèmes en cause. L'économisme néo-libéral dans ce qqu'il a de plus niaiseux. L'exemple de Katrina à la Nouvelle-Orléans est sidérant : au lendemain du désastre, les boys étaient prêts à privatiser les écoles par exemple, à foutre le bordel dans les droits des travailleurs, à faire en sorte que ce désastre soit une opportunité gagnante. Pour eux!

Mais plus avant encore, rapporte Le Devoir, Naomi Klein établit un lien direct «entre les expériences scientifiques de lavage de cerveaux menées dans les années 50 par l'États-Unien Ewen Cameron, psychiatre de l'université McGill, et les exactions qu'ont subies des prisonniers dans les prisons de Guantánamo et d'Abou Ghraïb. Le Dr Cameron avait été recruté par la CIA pour mener à Montréal des expériences jugées potentiellement trop dangereuses pour être effectuées sur des citoyens américains».

Je n'ai pas encore lu le livre mais j'ai vu le film (Klein/Cuoron) qui montre les archives, scènes d'électrochocs et de torture. Le filon suivi par Klein est sidérant. Selon le New York Times du 10/09/07, ce très bref document «...encapsulates the thesis of a new book of the same title by Ms. Klein: That unconstrained free-market policies go hand in hand with undemocratic political policies».

Oui, c'est effrayant!


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2 commentaires:

Jack a dit...

Parlant de secousse, et tant qu'à se conter des peurs, vous connaissez «le père de toutes les bombes»? Non? Son nom est bombe thermobarique, ou bombe à effet de souffle. La Russie en a testé une mardi le 11 septembre!

Nina louVe a dit...

Bordel, ça fait bobo ça. Absolument choquant. Très belle réalisation visuelle des horreurs d'hier et... d'aujourd'hui.