16 août 2011

Michel Chartrand, le malcommode


Michel Chartrand, le malcommode est un documentaire magistral et absolument magnifique signé Manuel Foglia. Il était diffusé hier soir sur les ondes de Télé-Québec.

Le syndicaliste humaniste en pleine action, oui, c'est entendu. Le Chartrand au bout de son âge toujours alerte qu'on voit à table avec ses frères et soeurs d'armes, syndicalistes, écrivains, poètes : Vigneault, Deschamps, Vadeboncoeur, Foisy, Daoust, Germain, Kadir et bien d'autres. Mais c'est le Chartrand politique qui est le plus malcommode. C'est ce Chartrand-là qui à mon humble avis traversera le temps.  Pour accompagner les générations à venir.  C'est aussi le sentiment qui a pu animer Manuel Foglia dans son désir de partager l'histoire de ce grand Québécois : « Socialiste et chrétien, écrit-il, Michel Chartrand est demeuré jusqu’à la toute fin un militant actif, engagé et fidèle à son parti-pris avec une énergie exceptionnelle, une démesure rafraîchissante et un verbe qui fait tristement défaut à notre époque malmenée par la langue de bois. Et pour tout cela, je trouve qu'il y a peut-être une histoire à raconter. »


Du CCF au NPD, du PSD au RAP*, de l'UFP à Québec Solidaire, et au-delà de la trajectoire héroïque de « l'acteur » Chartrand, on retiendra que la marche des peuples est certes lente, mais que le devenir soi ensemble, la recherche d'harmonie, de bonheur et de paix poussent à jouer sa vie pour ce qui importe, à savoir nourrir sa famille, avoir un toit décent, dénouer les nœuds, créer, saisir les opportunités de s'épanouir comme êtres humains, tous autant que nous sommes détenteurs d'un permis temporaire de séjour dans le monde.  Pourquoi alors reculer?  Pourquoi accepter la précarité de centaines de milliers de travailleurs et leurs enfants?  Pourquoi tolérer l'intolérable et tous les roitelets engraissés par le « système », bien assis sur leur trône?

* Le documentaire pourtant très fouillé et chronologique ne fait pas mention de la candidature de Chartrand sous la bannière du RAP lors des élections provinciales de 1998 dans le comté du Toupet et Premier ministre de l'époque. Par opposition au Déficit zéro! si cher à Lulu, son slogan était Pauvreté zéro!  Il reprenait dans sa plate-forme l'idée d'une allocation universelle, idée maîtresse qu'il faudrait ranimer ici avec force en vue de réaliser « la démocratie économique », la justice sociale, l’affranchissement du plus grand nombre.

C'est bien à l'égard de cette envergure politique de fond, par définition socialiste, que le malcommode - et tous ceux et celles qui le sont aussi un peu à leur manière - risque le plus sa peau. Oui, encore de nos jours en ce plus meilleur pays au monde.  


Manuel Foglia nous le rappelle : Michel Chartrand a séjourné 17 fois en prison au cours de sa vie publique!

Site Internet de Michel Chartrand, le malcommode

En web-diffusion à Télé-Québec

2 commentaires:

Le Seuil a dit...

Salut M. Desmarais,

Quelle belle soirée hier, passée en compagnie du grand Malcommode que fût Michel Chartrand. Un film tout à fait comme je les aime: au naturel, sans cliché, émouvant. Je viens tout juste de terminer le texte commencé hier soir; que de souvenirs, surtout ceux en noir et blanc, ce film aura fait ressurgir. Je me suis permis de les faire parvenir au réalisateur.

Merci pour tes mots; ils sont toujours aussi beaux à savourer.

p.s. Il est charmant ton escargot; mais est-ce que ça pleure un escargot ? ;-)

gaétan a dit...

J'ai aimé le documentaire et voir Michel Chartrand sur "ses derniers milles" rend l'homme encore plus attachant et plus humain.
Il a défendu les accidentés du travail avec le docteur Rock Banville qui a oeuvré plusieurs années comme médecin sur la Côte-Nord.