24 novembre 2011

Dans la suite de Jeep

Lui n'était pas avocat et surtout pas Prairie Masson, mais c'était, comment dire? le beau diable de l'avocat! De l'avocate plutôt. Un maudit verrat. Et qui a vu, verra Legault!  

Il avait récidivé et ravi le cœur de la belle avec son éternel portable après un plaidoyer foudroyant et assassin. Un juge avait béni leur union au Palais dans le Vieux-Montréal devant témoins un vendredi soir après la suspension de la séance. Avocate renommée de la Couronne, elle s'était trouvée sans défense, sans préméditation et se contenta d'un simple serment prêté rapido presto à voix haute. Elle n'avait point vérifié tous les alinéas, les pièces à conviction, la preuve de son amour. Son interrogatoire avait été gnochon. Or c'était, vous le devinez, un faux témoignage sur toute la ligne! Ce pacha se parjura cent fois sur le métier des arnacoeurs! Très tôt, il prit l'habitude de s'évader comme un courant d'air, de s'épivarder dans la nature sans donner d'alibis, fréquentant des complices aux sombres desseins et impliqués dans le traffic stupéfiant des larmes, affectionnant des arrangements hors de la cour de leur maison dans laquelle la pauvresse se sentit de plus en plus rejetée comme une objection. Ce n'était plus votre honneur, mais le leurre! Elle se trouva coincée, comme en prison, condamnée à la solitude et aux remords, incapable de se délibérer. Elle sauta sa coche et d'ailleurs, il l'avait déjà vidée sans aucun repentir le maudit croche! Alors, elle commença à errer dans ses jugements, à s'embrouiller dans les procédures, à tracer des lignes dans le droit chemin de la bêtise qui débalançait toute la patente.  La justice d'habitude aveugle commençait à voir clair dans ses stratagènes de femme de cour flouée.  Maître ne repassait même plus sa toge noire de désespoir et de plis inconciliables. Elle en perdit son latin de même que tous ses procès à venir. Plaidait ad hoc comme une aliénée mentale! Elle s'en caliçait de la jurisque, avalant son courroux comme Socrate la cigüe. Puis elle vociférait des menaces à tout venant et achetait le silence des passants tant elle faisait dure sur le banc de l'arène. Elle entra dans les annales judiciaires pour foutrage au tribunal, car elle était souvent paquetée. À la suite de consommations illicites bizarres et de jus riz passé date , elle fit de plus la première page d'Allô vieille peau lisse! Le bâtonnier, c'est sûr, la fit comparaître et voulu la radier en lui assénant trois coups de marteau sur la mandibule du scandale! Heureusement, elle n'avait jamais eu l'intention de briguer les suffrages sous la direction de Pauline Marois et ne risquait donc pas d'être éjectée de ce parti pris dans les méandres vaseux de l'injustice. Et comme elle ne connaissait pas non plus intimement le parrain de Jean Charest ni les Tartuffes de la chasse à la cour, ni la vaseline qui va avec, elle n'avait de toute façon aucune chance de gravir les barreaux des échelons de la magie stature.  Ne pouvant plus prendre faits et causes, elle mettait sa main au feu en faisant brûler ses gros traités de lois et de jargons devenus inutiles comme des boulets qui n'allaient même plus à sa cheville. Traître! Fourbe! Bandit de grands chemins! Je te pendrai par les couilles, je te sacrerai dans les crachots agrandis de Harper, tu vas voir! clamait-elle le doigt vengeur dans un sursaut criminel de rhétorique.

Elle l'avait eu la belle enjôlée sa grosse cassure d'amour en première instance sans acte validé par le greffier en titre. La sentence inanimée était venue de l'unanimité supérieure.

Et sur le parquet, sans possibilité d'appel, sans remise de peine, les articles de l'oie blanche saignèrent à profusion et à perpétuité, éclaboussant à jamais sa répudiation.

Dans la suite des traces de Jeep

3 commentaires:

El Caimán Divino a dit...

Merci! Jouissif!

Jack a dit...

Merci ECD.

Sammy Soldat a dit...

J'ai pas joui, mais j'ai explosé (et, métaphoriquement parlant, ça se ressemble!)

Wow!

- SS