24 avril 2014

Exil créole

C’est déjà arrivé ça, la rébette 
dans ton corps pleureur
qui brûle sur place

Tu chantais clair pourtant
dans le soir hérité de la genèse

Mais las du pur Delta de malade
no way absolu
ne plus supporter le silence
envoûté
dans les
champs,
les craques dans les mains
des ouvriers, la morsure du soleil
derrière la nuque,
la crise du paysage
déconcrissé

Et pas davantage
le gras disco de la ville

Tu vas faire quoi?

Cannes à sucre évanouies en tas parmi les punaises,
grands fouets tombés des waguines
sur le bord du chemin,
à Franklin...

Cela n'était plus la source
de belle noire auréole,
ta Louisiane échevelée

Les chiens hurlent à la lune
dans l'écho du bayou Teche,
la raffinerie fumera
toute la nuit
et pour toujours…

Vêtue de tes brillants assortis
avec tes Évangéline en papier,
tu sacres ton camp.
Loin! Entre deux chaises!

Mais les couchers de soleil, baptême!
Les magnolias en fleurs, les caméléons,
les écrevisses, les marécages luxuriants,
les aigrettes blanches qui se déposent
dans la solitude brouillée orange et rose,
un oeil tourné vers le golfe du Mexique!

C’est déjà arrivé ça
la rébette
dans ton corps
pleureur
qui brûle
sur place!

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Pour mes amis Gouadeloupéens
le 27/04 sera aussi fort
en remémoration et souvenirs
de leur enfer sur terre

Etonnament,
votre poème,

malgré qu'il soit à tomber
d’écoeurement, d’atroce,
du pire ...

Eclabousse
de merveilleux
aiguillonne
arme absolue.


Anneaux Nîmes

Jack a dit...

Merci de votre oeil patient, de prendre le temps de me lire et de vous exprimer. Les blogues sont passés de mode, ne vont pas assez vite sur l'autoroute à voies rapides et flux instantané de Facebook, Twitter et consorts. Or, recevoir des commentaires — fussent-ils exceptionnellement anonymes —, ce qui est de plus en plus rare sur les blogues, est toujours gratifiant. Cela ouvre un dialogue plus enraciné même si votre humble serviteur n'a pas toujours l'écho généreux. Les réactions donnent toujours à penser.

Cette série de textes d'avril est suscitée par un défi (Facebook, eh oui!) dans le cadre du mois de la poésie. Il s'agit d'écrire et de partager un poème par jour au cours du mois d'avril. C'est assez états-uniens comme phénomène (National Poetry Mounth), mais voici que quelques jeunes poètes québécois de mon réseau se sont lancés. J'ai décidé de plonger moi aussi pour me donner un projet d'écriture alors que j'entame la transition à la retraite après plus de 33 ans de services... Le mois d'avril achève! Les fonds de tiroirs et remue-méninges vont pouvoir se reposer! Merci encore de me suivre avec tant d'aplomb et de générosité.