11 décembre 2015

Ces mots anonymes


À Noël l'an dernier, Michel Garneau m'a envoyé un fabuleux manuscrit intitulé : Les sonnets d'asteur avec la couronne de sonnets et la glose et leurs coloriages (photocopie, novembre 2014). Un mot avait précédé l'envoi évoquant l'histoire en dents de scie de ces poèmes non publiés. Ils devaient l'être pourtant faisant suite au recueil Les chevaux approximatifs, Un hommage aux formes (L'Hexagone, 2010). Michel était bien sûr aigri de la tournure. Écrire pour soi seul est obscène, m'avait-il alors confié.

Dans son fin fond, cela est bien juste. Même quand on est humble artisan et pas pantoute dans la galère littéraire au sens coutumier du terme, on ne peut pas, il me semble, écrire pour écrire, écrire seulement pour son tiroir, pour son miroir. Alors, avec des petits bouts de chandelles, on s'efforce, on se fait un plaisir toujours renouvelé de partager publiquement ses petits mots tranquilles, ses avions de papier numérisés. C'est précisément ce que j’essaie de faire sur Train de nuit, ou ici et là, c'est plus fort que moi. La fréquentation le plus souvent disons confidentielle n’entre pas en ligne de compte.

Il suffit qu'une seule personne réponde présente, vibre de près ou de loin, cela se sent, pour que certains jours l'aventure du dialogue souhaité par l'expression libre et la réciprocité brille de toutes ses promesses de belle humanité en train de construire à plusieurs têtes du sens.   

J'ai reçu aujourd'hui en commentaire ce mot de Anneaux Nîmes. Il est trop touchant.  Je me permets de l’ouvrir à tout venant.  

Merveille et Force 
la circonférence du grand pin
la voix de Billie Holyday
chantant Strange Fruit …
vos propositions souvent accrochent
bouleversent
ce matin
Comme vous savez dire
Après avoir engrangé
Pour qui a touché du doigt
Nous voilà tapis
Silencieux, les yeux posés
Sur les mots porteurs
contant, célébrant
la vie devenue si fragile
en l’instant présent
débandade quotidienne, déboussolé
votre prose transporte, console
elle appelle
une prise de parole
à slamer haut et fort
une mise en mouvement
à arpenter les routes
à mettre le nez dehors
à refuser
à inventer les minutes
essayer d’éclabousser
nos vies désenfantées
merci

Anneaux Nîmes
11/12/15 3 h 06

2 commentaires:

Jack a dit...

Quand les mots nous sont soufflés... c'est le bonheur!

Anonyme a dit...

Bonheur ce qui est soufflé !!!

par qui comme Vous
prenez nourriture
aux quatre vents
sans jamais oublier de
redistribuer le meilleur
l'invisible, l'indicible
alchimie secrète
passée
au nombril
devenu alambic
distillant ainsi nectar
si empli de la vraie vie