24 novembre 2017

Pourquoi chanter? Pourquoi militer?

Paraphrasant une chanson - parmi ses plus belles - de Louise Forestier, pourquoi militer alors qu'il y a tant à faire?
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En 1971, au lendemain de la Crise d'octobre, malgré la mode des jeans troués, j'allais le coeur gonflé d'espoir avec mes cheveux aux épaules qui claquaient comme un drapeau dans les congrès nationaux du PQ avec la délégation de l'ancien comté de Shefford, de nos jours Granby et en partie Johnson. Ça adonne que j'ai abandonné le PQ avec l'étapisme et la fin du « préjugé favorable aux travailleurs ». Que les fesses serrées nationaleuses ne viennent pas me faire suer avec la division du vote! Avant tout, je le dis bien honnêtement, à moins de vouloir faire carrière, c'était parce qu'on a bien d'autres chats à fouetter quand on est jeune! Tomber en amour, aller danser presque tous les soirs, voir Poèmes et Chants de la résistance II, une fulgurance de la parole pour moi avec le film de Jean-Claude Labrecque sur La nuit de la poésie de 1970 vu dans un cours de poésie au Cégep, parfois oser lire mes poèmes sur le stage de l'hôtel Windsor et y faire venir avec mes camarades les Caramels mous, être drop out ou pas, voyager, me promener dans le bois de ma cambrousse comme je l'ai fait aujourd'hui, tout ça m'importa plus que tout le reste à un moment donné. Ah! Mais aussi parce que ça brassait à gauche dans le mouvement étudiant, l'ambiance était aux manifestes (Ne comptons que sur nos propres moyens de la CSN et L'État rouage de notre exploitation de la FTQ et L'école au service de la classe dominante de la CEQ); ça débattait avec les plumes de Parti Pris, de Socialisme québécois, de Point de mire (la revue de Bourgault) et Presqu'Amérique, le dimanche à Québec-Presse. Jacques Godbout publiait D'amour P. Q., Ducharme L'hiver de force. Nous nous déplacions pour voir en spectacle des Séguin qui ne passaient pas à la radio. Marie-Hélène de Lelièvre était un hit. C'était plus mêlant qu'avant. C'était le Vietnam, le renversement d'Allende. Puis en 1973 ici, il y a eu la grève du Front commun, l'emprisonnement des Chefs, une politisation en accéléré pour ma part. Et nous, jeunes flots fous comme de la marde dans notre minuscule Cégep (qui avait en fait alors le statut de succursale du Cégep de Sherbrooke...) de la sage Princesse des Cantons-de-l'Est, on avait des profs d'une inestimable qualité comme Madeleine Monette  en linguistique, Paul-André Fortier, Laurent Valliquette en philo, Émile Roberge en poésie, José Pradès en socio... Oui, mes petits-enfants! Et comme disait le Capitaine qui aiguillonna ma prime adolescence, les septiques seront confondus!


Vers la 7e minute, Pauline Julien chante Lettre de Tit-Cul Lachance à son premier sous-ministre.



Photo J. Desmarais, archive d'un congrès du parti Québécois en 1971. 

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