29 mai 2009

Train de nuit partira vers le « sude »...

Le chien pleure dans le passage en bébé gâté. Il ne sait pas encore qu'il se fera garder cet été. À la mi-juin, je plierai bagages. J'obligerai mes pommes de terre à être autofertiles. « Mouve-on », que je me répète! Entre autres, direction mes amis d'Angeville, Montauban, Toulouse, puis vers la grande nuit de Wajdi Mouawad à Avignon. Mais tout de go, en arrivant, ce sera St-Cyprien la playa puis une saucette à Barcelone qui est à trois heures de voiture... Je rêve, je me pince d'ici ce temps-là.

28 mai 2009

27 mai 2009

Erlenmeyer au Marché de la poésie






Noticias

Jeudi 28 mai 2009
20h00
Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal
Montréal, Québec

Entrée libre

Le groupe de poésie musique Erlenmeyer (autrefois connu sous le nom de Poètes publics) est un projet laboratoire qui privilégie l’exploration et l’improvisation. Groupe à géométrie variable selon les disponibilités, il réunira pour ce spectacle les musiciens Bernard Falaise, Guido Del Fabbro et Philippe Brault; le rappeur improvisateur Khyro; la performeuse D Kimm; et les poètes Geneviève Blais et Catherine Lalonde (qui vient tout juste de remporter le prix Émile-Nelligan, bravo Catherine). Poètes invités: Jean-Paul Daoust et Tristan Malavoy-Racine.

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Autre activité de poésie (merci El :

Lancement de la revue Exit #55, dimanche 31 mai 15h, Place Gérald-Godin, sous le chapiteau, métro Mont-Royal)

— l'entrée est libre

On pourra entendre les lectures de quelques poètes présents.


Ce numéro 55 réunit les textes des poètes Dominic Marcil, Françoise Roy, Benoît Gréan, Angéline Neveu et Bertrand Laverdure.

Pour plus d'info :
Stéphane Despatie,
directeur de la revue Exit





Programme complet du Marché de la poésie de Montréal
10e édition : 28-31 mai 2009 : DRET ICITTE

23 mai 2009

Le carillonneur et la longue marche vers l'indépendance

Miron a dit un jour que « le poème est transcendance »...

Clôture et transcendance, comment marcher avec cela dans les pieds sur notre route boucanée de vieux moi et de « bouts de temps qui halètent » ?

Je peux dire qu'il s'est bu au cours de cette soirée quelques pintes de mots de chevreuil roux.

Personne n'était soûl.

On a pris les sous-bois aux odeurs de saules dans les cheveux du vent calmé. Puis le sentier des rosiers et des œillets.

Personne n'avait le goût de se défiler.

Assis en quelque sorte sur le perron de l'âme, nous étions comme les enfants de la liberté bercés par des airs d'harmonica parlés.

Car Miron, tireur d'ellipses, pour une part découragé, pour une autre part fougueux contestataire à bout portant de la poésie même, ce Miron de l'Archambault pose devant l'éternité l'exigence même de la poésie et de la politique, c'est-à-dire être, c'est-à-dire devenir ce que nous sommes, c'est-à-dire s'ouvrir à la transcendance. C'est-à-dire encore assumer la profondeur de notre liberté, cette manière différenciée d'être avec tous les autres hommes de la terre. Terre de surprises et de télépathie. Terre de soleils qui carillonnent...

Et nous voici à nouveau en pleine lumière crue de la poésie qui se fait jour.

Elle nous monstralise la prise au collet de l'oubli, l'oubli même « qu'il s'agit de la mort de quelqu'un ».

Il faudrait se pardonner à soi-même d'avoir été comme des objets jonglés, complaisants, lièvres abandonnés, dans la lune et pourris par Rome, Paris, Londres, Washington et la pauvre ma tante Berta d'Ottawa...

C'est le partage de ce dénouement de soleils à tête chercheuse qui est au cœur du joueur de ruine babines. Si bien que (...) la mémoire de Miron, commis-voyageur en chef de la littérature d'ici, n'est pas du tout nostalgique. Miron est plus flamboyant, plus pertinent que jamais. Il pousse encore dans le cul. Son œuvre accuse avec panache nos retards patibulaires. Ses éclats de mots, ses éclisses se mettent à notre place mais comme en travers de nos travers. Avons-nous bougé d'un iota ? Ce n'est qu'un jour de plus, dirait-il, et pourtant, ça urge de faire un pas, un petit pas...

C'est l'urgence même du poème. C'est-à-dire aimer. Mon bel amour, navigateur... C'est-à-dire : vivre !

C'est dire aux autres hommes que « nous savons ».

Mais nous, les fabuleux créatifs du continent, où sommes-nous ? Quelle place occupons-nous ?

Les masques de soi-même hérités depuis la belle luette de nos gigues analphabètes ne sont donc pas des alibis pour motiver l'absence même sous la couette du sommeil faussement diamanté par les bouteilles cassées de nos remords le long de notre histoire en marche. En marche !

Miron n'est pas un Dieu en feu, en pâture. Mais pire encore, il est ce ratoureux poète qui a touché notre visage avec nos propres mots.

Les mots aussi ont un visage, un paysage, à tout le moins ils ont des yeux d'oiseau puisqu'ils nous regardent et nous invitent à les suivre « jusqu'à perte de vue ». Au-delà de la clôture existentielle.

« Le poème est transcendance ». Je cite de mémoire. Il ne faut pas m'en vouloir. Mais qu'est-ce à dire au juste ?

« Le non-poème, c'est ma tristesse ontologique, la souffrance d'être un autre.. Le non-poème, c'est mon historicité vécue par substitutions. Le non-poème, c'est ma langue que je ne sais plus reconnaître, des marécages de mon esprit brumeux à ceux des signes aliénés de ma réalité... Or le poème ne peut se faire que contre le non-poème car le poème est émergence, car le poème est transcendance dans l'homogénéité d'un peuple qui libère sa durée inerte tenue emmurée...» L'Homme Rapaillé, 1965.

Au fil des mots, quand il fait clair et beau (...), le simple sourire, ce dépassement, cette conviction, cette espérance, cette mémoire, ce pays qui émerge comme un poème est à portée de main.

Quand il fait clair et magnifiquement beau.

- Jacques Desmarais, Le grand carillonneur, Esprit Nomades, Oct. 2006.

La grande marche vers l'indépendance



MONTRÉAL
Départ : 14h00 au Parc Lafontaine
À la statue Félix Leclerc, rue Rachel et Calixa-Lavallée (métro Papineau, autobus 45 nord)
Suivie d’un grand rassemblement à la Place du Canada (la Place de l'Indépendance)
Note : il y aura une bannière de Québec Solidaire.
Après le rassemblement rendez-vous à La Boîte à Marius - 20h: Apportez vos instruments de musique, vos chansons et vos poèmes!
Responsable : Julie Blanche Graveline
julieblanche@marche-independance.org

John Fogerty à Montréal

Fogerty, locomotive sans âge au Centre Bell, jeudi dernier, c'était essentiellement un show remarquable du début à la fin au cours duquel il n'était pas question de rester assis sur notre steak plus de dix minutes! Cordes vocales impeccables au-dessus de la mêlée entraînant vivement six autres guitaristes, baseman inclus, un batteur parmi les meilleurs, parfois de l'arcanson qui s'échappe du violon... C'est rock and roll mur à mur et pure joie sans jamais verser dans la nostalgie et le gros sucre à souvenirs; la talle, la panoplie impressionnante des grands succès revisités nous rentrent dedans les uns après les autres. C'est le bonheur conjugué au présent. Fogerty qui aura 64 ans le 28 mai n'est définitivement pas paré pour prendre sa pension!




































Photos et vidéo : jd. Dans l'ordre habituel : Françoys, Denis, Emmanuel, Randy.





Autre extrait de meilleure qualité de Bad Moon Rising ainsi que plusieurs autres prises du spectacle (merci Emma)dont l'incontournable des incontournables : Have you ever seen the rain .

19 mai 2009

Au tournant de l'Anse Pleureuse

Photo : jd. Anse Pleureuse. 17/05/2009, 17 h 50.

À venir : Sur la route des frères Atkins.

15 mai 2009

Loui Mauffette : je voudrais pas crever!

Loui Mauffette, tambour et trompette au Quat'Sous : je lui avais fait suivre un mot, j'avais osé, avec mon recueil car sans présumer de rien, je ne pouvais pas ne pas me dire qu'entre la
«poésie carnivore » dite dans les charbons et les Poèmes cannibales loin dans ma campagne, il n'y a qu'un jet de vers.

Et puis, nous nous sommes rencontrés quelques instants, ce fut bien respectueux et intense, après ce show - sublime, renversant, on pourrait, on devrait le crier sur les toits -, après la représentation de mercredi dernier, j'étais avec Marie, étudiante à l'École nationale de théâtre. Elle aussi a adoré ce spectacle, elle avait vu précédemment les Sandwichs, qui propose une carte d'émotions carrément « âme québécoise » même quand le trajet emprunte les rails de Genet, Marguerite Duras ou Boris Vian.

« C'est un show ouvert, populiste, conçu pour que le public retrouve l'émerveillement, la douleur et le partage de l'enfance. »

Francis Ducharme et Clara Furey

Cette stonerie percutante sur scène est un flirt toutes voiles dehors de la poésie vivante avec le théâtre, la musique, la danse... Les mots des poètes pètent haut et fort ou bien coulent de source parce qu'il y a la voix, les corps, la pureté, la nudité, l'enfance, le talent remarquable de toute la troupe inspirée, harnachée, aiguillonnée par cet héritier de la voix qui penche...

«La poésie, c'est pas dans les livres, c'est dans la vie...»

Extrait du texte lu par Loui Mauffette :

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre (...)
- Boris Vian

Dans les charbons, poésie carnivore,au Quat'Sous, en prolongation jusqu'au 1er juin 2009.

Idée originale et direction artistique : Loui Mauffette
Assistance à la direction artistique : Francis Ducharme
Amicale collaboration : Dominic Champagne
Avec Nathalie Breuer, Eric Bruneau, Patrice Coquereau, François-Xavier Dufour, Francis Ducharme, Clara Furey, Kathleen Fortin, Maxim Gaudette, Emilie Gilbert, Andrée Lachapelle, Roger La Rue, Pascale Montpetit, Adèle Reinhardt et Isabelle Vincent

12 mai 2009

Dylan in Rolling Stone : artiste populaire.


Excellente interview avec Dylan dans la dernière livraison du Rolling Stone (mai 2009) entamée tout à l'heure dans le métro au retour du slam. Une fois dehors, j'ai fait le reste à pied, et la grosse lune quasiment pleine cirant le fond du bleu de la nuit continuait à nourrir la conversation avec ce troubadour à cheval sur deux siècles. J'imaginais facilement the hills, the river, the dreams and the wind, les sentiers plein air de ses chansons à n'en plus finir. Je me sentais surtout inclus, compris, invité, reposé dans sa compréhension du monde. Sans le souligner au crayon gras, Dylan dit beaucoup de son empathie du monde lorsque, par exemple, il déclare : de nos jours, avoir une job, n'importe quelle job, c'est très important. Il ne se crisse pas des autres, Dylan, même si sa tête et son cœur pourraient être uniquement tournés vers son art. Merci, Françoys, de m'avoir refilé l'article.

11 mai 2009

Petite trotte sous le pont (extrait)


















La lune de plumes à moitié forgée
guide les filles iridescentes aux bras nus,
le nombril à l’air, clopes au bec,
dans les rues sales de Montréal

Un avion clignote au-dessus
comme une étoile qui hoquète
avec une haleine de New York !

À l’est de l’Éden
un jeune put de 16 ans
vend ses gosses de petit cheval
au sauna à dix piastres
Il sort dehors, s’achète du crac
pense qu’il va tonner ce soir
et que la vie, elle s’arrête là

Près du pont, il y a les grills,
les bouges, les bars,
les gargotes, les barbottes
les lupanars,
les trous,
le chic cabaret Le Papineau d’Or

Depuis quarante ans,
cravate, paillettes et bas blancs,
le frère de Muriel Millard
fait le MC bien swell
tous les dimanches
que le Bon Dieu amène

Ma tante Éva, de la rue Nicolet
y serait déjà allée avec son chambreur
Paul Desmarteau, le curé Labelle !

Cicatrice urbaine,
Sang séché de vieux disco,
broches à foin dans le sexe,
aiguilles qui traînent rue Champlain,
la mafia invisible en bedaine,
la mondanité floflottante,
les bécosses à ciel ouvert,
les dormeurs de la rue
dans leur sac à couchage
avec leurs chiens attachés
jusqu’au coin de St-Timothé…
C’est ça, aussi, le Sky (...)

(Extrait de Poèmes cannibales, pp. 110-111, Ed. de la Brochure, oct. 2008)

photo : jd

10 mai 2009

Slam : last slam de la saison 2008-2009







Noticias


Mathieu Arsenault m'a demandé l'autre jour pourquoi j'avais cessé de parler du slam sur Train de nuit. Avec mon lancement à l'automne des Poèmes cannibales + une grande intensité tout l'hiver à ma job, j'ai été plus encabané, en effet, cette année. Aussi, il y a eu relâche en décembre et janvier... J'imagine que cela a découlé du fait que Ivy fut très actif partout au Québec avec son Slamérica?


Il y a peu de temps aussi, j'ai dit à Carl Bessette que j'avais beaucoup apprécié sa prestation radio (à Macadam Tribus, pognée par hasard un vendredi soir dans mon char) alors qu'il livrait un extrait de Cyrano, et surtout La romance du vin de Nelligan, en duo avec un complice dont le nom m'échappe, sur une musique vaguement techno. C'était hyper bon et je me suis dit en moi-même : la scène slam nontréalaise a peut-être eu moins d'allant cette année, mais les artistes qui en émanent sont plus actifs et plus polyvalents que jamais.

Demain, lundi le 11, aura lieu le dernier slam de la saison 2008-2009. Suivrons les finales (2 demi-finales + la finale des finales) qui auront lieu les 8, 15 juin et 16 juin à l'O Patro Vys. Tout cela en vue du grand slam québécois qui habituellement se tient a la rentrée.

Pour ce dernier slam, on retrouvera justement Carl Bessette sur scène ainsi que le toujours éveillé Pierre Boudreau... Plus Renaud Lamy, Caroline Lévesque (une camarade de ma fille à l'université) et Arsalane Nabahi. Marie-Paule Grimaldi m'avait dit qu'elle y serait. J'ignore si elle a changé d'idée.

Ouverture des portes : 19 h 30
à l'O Patro Vys
356, ave Mont-Royal Est
5$

Photo de Carl Bessette : jd.

09 mai 2009

Diane comme une diamante rare et belle





Diane Dufresne, la rigoureuse, l'exigeante, la téméraire classique délinquante, la marcheuse inquiète, la peureuse d'ascenseurs, la défoncée à l'oxygène, l'amante du public - quel grand respect du public -, l'inclassable voix, Diane la peinturlureuse chantait magnifiquement bien au Monument National ce soir.







Photo : jd

08 mai 2009

On the road again - pu capable attendre!







On the road again

Just can't wait to get on the road again
The life I love is makin' music with my friends
And I can't wait to get on the road again
On the road again
Goin' places that I've never been
Seein' things that I may never see again,
And I can't wait to get on the road again.

On the road again
Like a band of gypsies we go down the highway
We're the best of friends
Insisting that the world be turnin' our way
And our way
Is on the road again
Just can't wait to get on the road again
The life I love is makin' music with my friends
And I can't wait to get on the road again


On the road again
Like a band of gypsies we go down the highway
We're the best of friends
Insisting that the world be turnin' our way
And our way
Is on the road again


Just can't wait to get on the road again
The life I love is makin' music with my friends
And I can't wait to get on the road again
And I can't wait to get on the road again

07 mai 2009

Eve Cournoyer : "Je chante pour survivre..."






Triomphe ce soir au Lion D'Or intensément acquis à la cause de Ève Cournoyer.

Ève avait d'abord
« booké » la salle à l'automne 2008 dans l'idée d'y lancer son 3e album à la veille de ses 40 chandelles. Les plans et le «Bel espoir » de la chanteuse, auteure-interprète, une des artistes les plus pertinentes au Québec, n'ont pas tournés comme prévu. Passer la barre des 40 ans est inévitable. Mais l'album, faute de moyens, reste à faire.

Ce n'est que partie remise à l'automne. La soirée d'hier visait à donner un petit coup de pouce dans le sens de la fin des Marabouts!

Plus de détail de la soirée à venir.



Photo : jd

06 mai 2009

Gravelure blues


C’est une toune de pauv’diable
parqué dans l'ennui, stolé là...

Dans le bas du ciel, un char rouillé tire les filets oranges de la fin de l'histoire

L’après-midi morose n’en finit plus de débouler sur le comptoir d’un bar perclus d’avance

Il a perdu l’appétit, même pas le goût de s’asseoir
cinq minutes au parc tranquille

Elle est partie, Docteur, elle ne reviendra pas
Elle est partie, Docteur, elle ne reviendra plus!

Le vieux juke-box au centre de la place fourmille
de ces voix de gravelle de pauv’mecs
qui ruminent avec leur guitare

n'ont pas changé de chemise depuis une secousse

Il y en a à la tonne des chansons de fond de baril et de méandre :

Was in the spring
One sunny day
My sweetheart left me
Lord, she went away

Bluesy à mort par en-dedans, il se dit à part lui-même :
Heureusement, il y a ça, le déloussé dans les micros ouverts
Oh! Baby! qui s'accroche aux fils cassés de la nuit

Chanson comique :
L'amour se meurt
« C'est la fin de l'amour crucifié »
Après la fin de l'hiver
il y en aura d'autres
- Yann Perreau


03 mai 2009

Beau Vril

Vriller la nuit

Là où je suis y fa noir
c'est en train de fermer
je me dépêche à penser
j'peux pas toute voir
ni compter les plaies sur tes ailes
ni même juste boire assis
à cause de mon pack sac sul'dos
rempli de livres et de survie

je n'ai pas peur
suis comme dans une bibliothèque
ambulante underground
n'importe laquelle
comme une église réglisse 
dans ma tête
et donc flash back
en ce 16 avril tout croche...
j'peux pas toute voir
la pluie qui s'éparpille, 
ton égarrement qui mord
l'heavy métal   
ton zinc
sur les dents, et vlan
ton ventre crie des NON!
j'suis là pourtant là, beauté,
je te suis en silence
à la flash light



02 mai 2009

Train de nuit voyage dans le temps

Train de nuit, le blogue, diffuse depuis le 2 mai 2006.

Avant, bien avant, avec le même nom et la même intention d'entrecroiser jazz, poésie & création au sens large, mais réalisées en duo avec Sylvain Legault, plus qu'un complice, il y a eu, donc, une série d'émissions diffusées à Radio Centre-ville, au 102,3 FM, à Montréal, en 1991-1992.

Jusqu'à cette semaine, j'avoue n'avoir jamais revisité les extraits que nous avons conservés sur cassettes, la technologie du temps. Je déteste entendre ma voix. Je l'ai fait pour répondre au souhait de Christian Mistral qui nous avait accordé une entrevue au Salon du livre et au cours de laquelle il fut question d'écriture, de philosophie et de chansons. Une très belle rencontre.

En me replongeant dans ces parcours sonores qui avaient de la gueule malgré nos humbles moyens de bénévoles sans expérience, je suis surtout frappé par la qualité de la musique que nous diffusions, Sylvain en était en grande partie responsable, avec un parti pris manifeste pour les artistes jazz d'ici.

Pour marquer l'anniversaire de Train de nuit, je propose de
« visionner » un extrait radio avec Danielle Martineau (Joséphine) qui arrivait alors de Québec et était à la veille de fonder le groupe Rockabayou. Nous avions parlé boîte à frissons & jazz, et ce, une bonne saison avant le FIJM qui consacra aux accordéonistes une série de concerts extérieurs lors de sa 13e édition.


01 mai 2009

Carnets pelés 27 - Fumer le vide chemin faisant


Québec, Hôtel Belley, 28 septembre 1999

La lettre est restée sur le carreau, alors, tu comprends, il vente par en dedans, la fenêtre est coincée et la « Fée électrique » explose dans ma solitude!

Photo JD.
J'ai entendu, ou bien j'ai imaginé Déborah qui disait : « Le trésor... c'était grandiose, si simple pourtant »

Au fond, je suis troublé, mais pas à peu près. Je ne sais pas comment j'ai pu écrire toute la nuit et puis me rendre au bureau ce matin sans broncher. J'avais de la formation à donner. L'architecte qui m'accompagne à bien vu...

J'ai écrit « Mon ange », 22 pages. C'est banal comme titre. Je ferais tout pour me débarrasser du blues et du froid. Les ricaneux et les moqueurs, les fins limiers avec leurs pinces sans rire sont bien plus utiles que les barbouilleurs et les soûls pleureurs.

J'ai écrit aussi une seconde lettre à James Henry. Il n'aime pas lorsque je m'obstine à reprendre des passages sur Renée April tirés du recueil J'ai cité le motif dans le tapis. Ça lui rappelle nos années d'enfer à l'Auberge des Quatre-Vents. Renée n'était pas une figure célèbre du théâtre à l'époque, mais sa beauté faisait oublier tout le reste.

Sois patient, Jimmy. Je sortirai de mon trou comme un siffleux. Un bon matin.

« J'ai bien hâte de voir ta tête quand je t'annoncerai la nouvelle », m'a-t-il dit au téléphone.

Que c'est encore?
*


Béthanie, 11 juillet 2000

Grande blessure. Couché dehors. Je n'écris plus. Je ne peux pas laisser la terre dans cet état.

*

Québec, Auberge de jeunesse, août 1975

C'est la Chant'août qui tinte dehors. Nous irons voir tout à l'heure Clémence Desrochers. Mais moi, de toute évidence, pour l'heure, je dors. Entre deux lignes d'Aragon.

Photo : C. Latendresse


*

Béthanie, 3 septembre 2000

Où en est-on sur le chemin de l'exil?

L'exil, disait un orateur dont j'ai oublié le nom, a la réputation de libérer les artistes de leurs dettes. Une fois que les liens ont été rompus avec la religion du Père, puis après avoir effacé l'ardoise grichante du Pays, on pourra sevrer l'accoutumance aux capitaux populaires, aux dictons tracés d'avance, aux idéologies qui ont les deux pieds dans le ciment... Mais la culture a la couenne plus toffe qu'on pense, plus étoffée que la brillantine intellectuelle. C'est ce qui revient quand on a tout oublié, a dit un jour — non, c'était plutôt un soir, un beau soir à Montréal au Théâtre de la Verdure au printemps de 1976 — Gaston Miron. 

L'exil, qui n'est pas toujours une obligation, c'est se livrer comme otage dans un décor qui vous aspire tel quel et vous recrache sur le plancher des affairés avec tous vos vieux silences de paysan. C'est tout le contraire de ce retour à la chambre blanche où je suis né et à l'attention que je porte aux questions qui se cachent peut-être derrière les buissons.

Je marche à contre sens des miroirs disséminés. Je n'ai aucune idée de ce que cela veut dire. Mais ce n'est quand même pas un trip de rebirth. Je risquerais plutôt de dire qu'il s'agit d'une lecture. On peut toujours relire différemment le même mautadit texte. 

Maintenant, l'exil intérieur est un sentiment fort répandu au sein du peuple le plus jokeux au monde. 

Les portes de sortie de secours? Heureusement qu'il y a l'amour, qu'il y a Gaston Miron et ce drôle de poème qui n'est pas encore né et encore moins re-né.

Pour une joute de plaisir. Pourquoi pas? Toujours penser à avoir du fun. C'est normal. Les enfants sont naturellement comme ça, n'est-ce pas mon cher Jean-Jacques?

J'ai envie d'aller veiller à Granby, de retrouver Benouille dans son atelier de luthier pour faire la foire. Je sais bien que je n'irai pas. Que je risquerais le soliloque sympathique! Je n'abandonnerai pas mon chien pour une heure ou deux de ballons lancés à côté du panier.

Pourquoi est-ce toujours moi qui retire mes amygdales sur le plancher? Suis-je à ce point socioaffecté?

J'ai voulu quelque chose d'autre que ce pays de blessures à mots couverts et j'y tiens encore! Ici, mais ici, là, en ce moment, je suis dans le vide de la préparation de l'avant-veille de l'esprit qui nous aiguillonnera quand on voudra de l'action! Et je chique, et je fume et je prise. Jajaja! Et je ne suis pas fier de ce sentiment-là qui pousse ailleurs ce que nous devenons.

Gonzalo Rubalcaba passe en ce moment à la radio. Inner voyage est le titre de la pièce. Presque une berceuse. C'est très joli. Ce n'est donc pas toujours à cent mille à l'heure que l'on traverse le présent sur le clavier inattendu de nos pas.

Pour continuer.

Pour continuer et parler de l'essentiel, je pense soudain à la douce mémoire de Léa Roback qui vient de s'éteindre :
«Moi j’ai pour mon dire que c’est ici la vie!»

Photo : Karim Rholem

*


Béthanie, 24 août 1997

Derniers moments des vacances. Jacques Bertin m'a envoyé deux lettres demeurées sans réponse jusqu'à présent. Je m'installe sous les érables et lui aurai répondu avant la fin de l'après-midi alors que le soleil est délicieux et que les abeilles à ce temps-ci de l'été sont comme soûles.


Jacques Bertin, c'est celui qui tient le fanal allumé.


*

Béthanie, 30 août 1997

Il y a 20 ans aujourd'hui mourait Jacques Prévert.

Photo : lecureuil,  avec son aimable autorisation, Comment vous dire?.
 

Dans Le Magazine Littéraire de juin 1997, on trouve une interview avec Philippe Brenot, auteur de l'essai Le génie et la folie, chez Plon. Le point central de son propos reprend l'hypothèse de la mince frontière : « Un génie, dit-il, est quelqu'un qui a réussi à faire quelque chose de sa folie. »

*

Lac Pasley, 20 août 2005

Je copie des passages entiers de Vies minuscules (Gallimard, 1984) de Pierre Michon. J'aime bien cette idée de la campagne acide : « Il enfourcha un vélomoteur, s'éloigna en pétaradant dans la campagne acide [...] » (P. 181).
*


Varadero, Hôtel Sol Serina Coral, 7 septembre 2008

Tabou.

Tambour.

Automne.

C'était là, ces trois mots? Que valent, en effet, les poèmes d'amour?

Je fais l'oiseau de nuit. Invisible dans le Sud. J'ai goûté à la pluie chaude et soudaine juste avant que s'ouvre la suite royale de ce ciel immensément étoilé. J'avais faim au milieu de la nuit.


*

Holguin, 31 décembre 2005

C'est le retour à Montréal. Dans l'avion, on m'assigne un siège éloigné des miens. La dame qui est à mes côtés est visiblement affectée. Je ne peux pas m'empêcher de lui demander si ça va. Elle ne s'effondre pas. Mais son regard me supplie et me fuit en même temps. Elle n'entrera pas dans les détails. Toutefois, elle me fait suffisamment confiance pour me confier qu'elle vient de perdre son amour cubain.

Entre ciel et mer, une fois réintégré notre silence d'étranger, à défaut d'un sourire crasse et d'une âme éclatante à la Ella Fitzgerald, je note dans mon carnet cette phrase trop blues de Réjean Ducharme que je suis en train de lire : 

« Le bonheur c'est le temps que dure la surprise d'avoir cessé d'avoir mal. »


***