La publication compte 312 pages et on a tous les détails chez K pour passer une commande.
Good enouph!
Photo Nina Louve. Damien Robitaille, moi et Urbain Desbois. |
Photo Jacques Desmarais |
avril 9, 2007 à 10:30 am
«Lundi de Pâques, reste un peu de paille, moins de cocorico dans le fond des paniers. Ici, mon Kanuk se balance au vent sur la corde à linge. Y était pu rouge vin, y était nouère gommé d’hiver cerné. Il se balance avec des glaçons au bout des manches. C’est beau ici, mais fret, venteux pour le vélo. Carol (celle qui partage ma vie) revient d’une marche et dit : «C’est très froid! C't'encore l’hiver. Le soleil est trompeur.» Par contre, vois comme le monde est bien fait : je suis sûr que ce «moins quatre plus un» provoque, aguiche mes quatre boquettes, en cambrousse, accrochées aux chalumeaux qui sont plantés dans l’écorce des érables aux orifices mouillés, et qui continuent de recevoir une à une, goutte à goutte, la visite rarissime de la sève venue des racines fragiles. Pourvu que ça gèle la nuit en avril et que ça grimpe au-dessus de zéro pendant le jour. Je ne suis pas sur place pour boire goulûment et l’eau va fatalement déborder, inonder, sucrer les plaques de neige qui restent autour, mais ça me réjouis pareil d’y penser. Ça titille mon nain conscient. M’en vas juste aller sur la galerie voir si mon parka est sec en me faisant peut-être dans la tête une image un peu cochonne du printemps, en rapprochant très très près l’un de l’autre EVE et SEVE... Karo, bon vélo! Profite du beau temps qui passe…»
Karo m'a répondu par courriel : joie! joie! dit-elle.
Plus tard, fait un saut chez le jeune T-Rex qui fête ses 23 printemps et qui a le nez dans ses livres. Talentueux comme 50 . On trouve dans ses pages des clichés de Françoise Sullivan, une photo du trou de la mine de Black Lake, puis une référence à Armand Vaillancourt.
C'est long, c'est long, mon commentaire, je radote, la vitre baissée, mon blogue n'est pas pour les excités de la farce courte en mini-jupe.
Qui m'aime me suive :
«Black trou d'Armand, ce n'est pas North Hartley! Je l'aime beaucoup celui-là. J'ai pas d'éducation en arts, suis analphabète, mais je tiens de Vaillancourt quelques lumières pédagogiques qui restent toujours allumées. Son goût pour les vaches m'a rejoint tout de go à cause de ma lignée et du fait que moi aussi, jeune, j'ai roupillé le matin sur les flancs chauds noir et blanc alors que je tirais mécaniquement les trayons de la patiente bête. Je ne me suis jamais planté un clou rouillé dans le pied, par exemple. Ses voyages sur le pouce partout aux États m'ont aussi enthousiasmé. Il visitait des usines pour voir comment on fait. Poësis. ποιεῖν.
Pendant une décennie peut-être, je me suis accoté en toutes saisons pour lire, dormir, écrire... contre Samothrace (1967), une oeuvre d'acier massif (trois tonnes) peint noir, boulonné, torché au chalumeau dans le haut. C'était une des plus belles sculptures publiques à Montréal sise dans le jardin du Complexe Guy-Favreau, où je travaillais avant. Pas moi qui l'invente, je l'ai lu dans un livre spécialisé. Un jour, j'ai su qu'on l'enlèverait définitivement lors d'un réaménagement majeur. J'ai fait une crise. On a inventé un paquet de menteries : l'oeuvre était réclamée dans l'Ouest, ou bien avait besoin de restauration; une autre fois, c'était parce que l'artiste désirait la racheter. Ça a adonné que sur l'entrefaite je croise Armand lors d'une manif (guerre en Irak) devant Guy-Favreau. Il a carrément démenti. En fait, c'était, je crois, bêtement une question de piastres : on ne voulait plus payer le loyer pour mon amie very strong. Je me suis vraiment ennuyé de cette grande proue noire où les araignées tissaient des toiles reluisant au soleil alors que le quartier chinois, qui sent le sucré, comptait ses heures à l'envers. J'ai fait ma petite enquête et j'ai su de première main que l'oeuvre avait été «rapatriée» à Ottawa. Et j'avais honte, ostie! Quelque temps après, je me suis rendu a Hull pour ma job. Mon hôtel était juste de biais avec le Musée des Civilisations. De ma fenêtre, j'ai cru entrevoir de loin le cadrage si familier du tic tac toc dans les airs, à la fois ancre et croix... Je me suis déplacé tout de go. Ben oui, sur l'esplanade avant du Musée, Samothrace, qui fait neuf pieds de hauteur, trône durant l'été parmi une douzaine d'oeuvres canadiennes «modernes», métalliques... Mais c'est elle qui a le plus de gueule avec un peu d'usure grise au bas de la poutre centrale venue du frottement de mon dos! Je suis content pour Vaillancourt parce qu'il a beaucoup plus «d'exposure» que dans le jardin assez intime de Guy-Favreau. Mais je m'en ennuis pareil et c'est une perte pour Mon Réal.
Une fois, j'ai vu Vaillancourt à la t.v. jouer de l'harmonica pour Michel Chartrand. Si je ne fabule pas, il y avait aussi Gaston Miron. C'est pas mal mes idoles, ces gars-la. Avec Bourgault, Lévesque, Vigneault, Leclerc. J'aurai pas assez d'une vie pour arriver à la cheville de ces géants qui ont tous en commun une ligne, un mot : liberté.
Sullovan, Françoise, je comprends qu'elle t'insuffle des folies. Son travail est méconnu. Ses pas inspirés ont ouvert des bouts de chemins libres dans le ciel automatiste des peintres, des musiciens et des écrivains... Ce bon vieux bleu Ciel de Québec... Déjà, faut-il se souvenir de nos plus belles fables? C'est la question que je poserais au narquois Docteur Ferron s'il était encore là. Je ne me relis pas.»
Fin de journée. Saut au IGA du coin pour Carol qui me donne 20 $ et sa liste. J'oublie mon portefeuille. J'ai juste le 20 $ dans les poches. Items à coucher dehors en France! Carol pense avoir une inflammation de la vessie. Elle me demande avec des astérisques après chaque item :
Eau de Vittel!!!
Tisane à la basserolle ou (une chance que j'ai le choix)
aubier de tilleul...
Chlorophyle liquide ou en comprimés (veux-tu que je fasse rire de moi, Carol?)
Oignons blancs juteux (s'ils ne sont pas juteux, je les prends quand même?)
bouillon d'oignon
Jus de canneberge
J'ai ramené ce que j'ai pu! Oignons blancs, tisane au tilleul et au citron, canneberge... Ça m'a coûté 19,99$!
J'ai reçu un courriel de Ivy rappelant que ce mercredi, c'est soirée slam au Vys. Les portes ouvrent à 19h30. Je me demande si la Louve va réussir encore une fois à passer par la cheminée des V.I.P.?
Voilà. Je n'écrirai pas avant un mois.Photo de la peinture (que j'aime beaucoup) en haut de la page : Nicolas Dunn-Plante, alias T-Rex, série Poèemes à la main (blogue discontinué).