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Photo Jacques Desmarais, parc Gamelin, Montréal |
De temps en temps
le salmigondis me reprend
Voici donc en vrac
le dernier chargement
Avant de venir à Montréal
la seule grosse ville que je connaissais
c'était la Nouvelle-Orléans
avec son lot de fatiguants
Une fois, je me promenais
librement
dans les rues
certaines ressemblent
à un décor de cinéma
sans doute que j'étais beau
les cheveux longs...
je ne le sais pas!
qu'est-ce qu'on peut savoir à 20 ans?
En voilà un qui me demande
si je veux marcher avec lui!
Pis un autre!
No! I able to walk alone!
Un autre, un noir me baraguine du chinois
mais je comprends qu'il finit par me dire
de crisser mon camp!
Dans un bar,
assis au bar
je tue le temps
avant de prendre l'autobus
qui me ramènera à Franklin
Deux mecs dans la trentaine, je dirais
m'abordent, s'informent, réalisent bien
que j'ai un accent à couper
ils sont très cool,
de plus en plus coolant
m'offrent d'aller fumer
avec eux, en haut,
dans leur chambre...
j'ai beau être naïf
j'ai beau avoir le goût
de fumer
Je dis non thank you
Je suis certain qu'ils me prenaient
pour une valise
un jeune perdu dans ville
qui se cherche quoi faire
Je suis certain qu'ils voulaient m'enfirouapé
C'est fatiguant de se faire achaler comme ça
je pensais que c'est parce que j'avais l'air d'une fille!
En fait, c'est peut-être parce que
j'avais l'air d'un gars.
Une autre fois
Je débarque de l'autobus à Houston
avec ma bicyclette
aux petites heures du matin
dehors, y mouillasse
j'explore les grandes artères désertes
je spotte des places pour coucher
je n'ai pas un budget à tout casser
Je trouve un endroit moche mais abordable
il y a un tenancier aux cheveux noirs comme des mûres
ma chambre est minuscule, mais correcte
pour un soir
Je parle au bonhomme
m'informe de la ville
des autobus et toute
À un moment donné,
il frappe à ma porte
et me fait signe de le suivre
What? What about?
Coming!
Adjacent à sa suite
se trouve une pièce
avec une espèce de judas
à mi-mur
Il me fait signe de monter sur une chaise
et de... regarder
Ce que je fais,
pauvre épais
C'est quoi la scène primaire?
Eh! Ben! J'étions dans un bordel
peuchère et très cheap!
et j'ai vu pendant dix secondes
dans la chambre de l'autre côté
une pute,
une noire abracadabrante,
boursoufflée, chambranlante
qui pompait un mec éjoré...
Le bordelier me demanda alors
si je voulais ça... but not her!
Je te la paye la shotte, m'a-t-il dit!
Ah! que le monde est donc fin avec moi!
En revenant des Éatt
Sur le pouce,
dans Washington D.C,
je pogne encore deux zozos d'affilée
qui me font des avances
Je me tanne
je ramasse une grosse roche sur le bord de la route
et je continue de poucer et ça continue!
avec un «athlète» cette fois qui fait du road'derbie
et qui me dit :«I love your accent»
Puis, soudain, coup de roue
on sort de la route,
m'amène dans un cul-de-sac, noir,
immobilise son char...
j'ai la main dans ma poche, je tiens ma roche,
je ne veux rien savoir
et je suis prêt à l'assommer
côlis!
Y voit ben que je suis pas là-dedans.
On reprend la route et il me dumpe drette-là!
Ouf!
À Montréal, dans ma première tentative
de vivre dans cette ville
j'habitais sur la rue Ontario
en face de la Grande-Passe,
la grand'mère des Clochards Célestes,
qui eux-mêmes engendrèrent
Les Foufounes Électriques,
vrai comme je vous parle.
Le pâté de vieilles maisons de brique
où je demeurais
avec une gagne de sautés
est aujourd'hui démoli
Sur le côté, il y avait une rue-ruelle
menant au Terminus d'autobus
puis, à présent, au parc Gamelin
où l'on joue aux échecs
sur la photo, en haut de la page
À la Grande-Passe
j'aimais la fille qui faisait les sandwichs au jambon
j'aimais son toupet existentialiste,
mais faute d'argent
je me nourrissais surtout
de deux ou trois Yoplait par jour
pris à l'épicerie d'à-côté
J'étais pauvre en christ!
Plusieurs de mes cours en philo
se donnaient le soir
à l'Uqam, rue de la Gauchetière
Je revenais dépassé 22h00
en empruntant la Catherine
Combien de fois me suis-je fais achaler
aux alentours de la taverne Le Plateau?
«T'as des belles fesses», me dit chose
un de ces soirs!
Je ne me revirais même pas.
Je ne pouvais pas croire
que c'est à moi qu'on s'adressa.
***
C'est salmigondis! Parlons d'autre chose.
Aujourd'hui, sur Train de nuit
est monté le 15 000e passager!
Il y en a un peu plus car j'ai perdu
une partie des stats du mois d'octobre 2006
à cause d'une panne
Et c'est soit M. Dunn ou bien soit un quelqu'un ou une quelqu'une
qui venait de son site.
La preuve :
Time of Visit Oct 22 2007 12:53:07 pmLast Page View Oct 22 2007 12:53:07 pmVisit Length 0 secondsPage Views 1Referring URLhttp://www.journaldunn.blogspot.com/Visit Entry Page http://jack-jackyboy.blogspot.com/Visit Exit Page http://jack-jackyboy.blogspot.com/Out Click Time Zone UTC-5:00Visitor's Time Oct 22 2007 12:53:07 pmVisit Number 15,000
Alors, en cet honneur,
je payerai soit une rousse, une brune, une blonde ou une noire
(est-ce qu'ils en font des auburn aux yeux de mousse pers?)
au pays que j'aime tant de la profonde nostalgie des Irlandais,
un de ces jours
peut-être même un de ces soirs.
Mais je dis aussi un gros merci
à tous ceux et celles qui passent ici
jour et nuit.
Voilà, comme disent les Français.
Photo : jd.