31 mai 2008

La nuit des jeunes poètes à Montréal

La plus belle tuque rouge et bleu à ne jamais avoir été tricotée, c'est sur la tête de Yann Perreau que je l'ai vue... J'ai croisé ce dernier sous le chapiteau de la Place Gérald-Godin où il était à l'affiche parmi toute une brochette de jeunes poètes de 20 à 35 ans dans le cadre du 9e marché de la poésie de Montréal.

C'est Biz qui animait le récital et il en a profité pour rendre un hommage à ceux qui écrivent, aux poètes qui ne sont pas des m'as-tu vu de fin de semaine, «qui changent plus souvent de clavier que de souliers, ont toujours des taches d'encre aux doigts... Je leur rends hommage parce que tirer un à un les mots du néant, c'est souffrant, j'en sais quelque chose! Écrire est un sacerdoce!»

C'était plein sous la tente blanche et j'ignore d'où il s'incruste le cliché selon lequel un show classique de poésie, c'est plate à mort. Le public varié était intensément, et je dirais chaudement attentif.

Je n'ai fait qu'un saut, vu qu'un set sur trois. J'ai particulièrement apprécié l'incisive Kim Doré et Vincent-Charles Lambert. Ce Lambert, une découverte pour moi, est un fichu de bon écrivain.

J'ai aussi beaucoup aimé l'énergie et l'humour d'Alexandre Belliard : ses images engagées sont remuantes jusqu'à l'enfance. Je suis allé lui dire que j'adorais sa chanson ''sur le poète tatoué'' (Denis Vanier). Il était content et il m'a dit que c'était également sa préférée.

Vu aussi Tristan Malavoy-Racine, un habitué de la scène slam toujours très adroit et rafraichissant.

À une table près du bar improvisé, on pouvait se procurer les recueils des poètes à l'affiche. J'ai pris Bancs de Neige de Maxime Catellier. Remarquable publication illustrée de douze dessins de Marc Leduc.

Rencontré une slameuse de Québec : Valérie Côté! Le monde est petit. Le monde est grand.

J'ai demandé à Yann s'il avait fait son voyage? «Oui! J'ai passé un mois en France puis deux mois aux Indes!»

Peut bien avoir sur la tête, le p'tit tornon, la plus belle tuque du monde...


Eille, mes poumons! Je suis out!!!

30 mai 2008

J'ai voté avant hier

Laure Waridel dit que consommer c'est voter. Alors, avant hier, passant par la coop de l'Uqam, j'ai voté pour La grande tribu de VLB.

26 mai 2008

Prière coupable

« Laisse-moi chanter ton pays, laisse-moi venir jusqu'à toi sous le signe des capitulations humaines et je blanchis mon drapeau en levant la tête vers tes yeux. Tu as, et je le sais, de longs cheveux blonds, semi-blonds, semi-secs, comme un bon vin qui a vieilli. Comme une personne qui n'en finit plus de recommencer : ma hiérarchie, ma monarchie, ma nubile et dévastatrice tentation [...]. Je t'essaies pour voir si tu as un corps aussi coupable que le mien. »

- Michael Thomas Gurrie, 1976, texte dactylographié, collection jd.

25 mai 2008

L'angoisse des roches

Abécédaire pour une bûche de souche
en train brûler sur le parka oublié
dans le garage de la voirie provinciale...
Empilez la gravelle dessus
dans l'orifice de la déroute!
Anfractuosité
craquage de manche
ne pas bégayer,
je ne m’appelle plus
baise paranoïaque dans le tas de foin
graine raquée
d’avoir tant fauché le bord des fossés
Bikini! Bikimi!
De Cocagne...
Décrochez-moi ça!
Marquez
le
nombril
oralement
par les
précipices
des avions en écailles
dans les limbes
du lac d’Argent
graffitis gonflés,
tordus

par la nuit qui bêle
patente irréfléchie
de l'infiniment triste
qui grelotte
,
glace de foire dans le ciel
en train de vêler des étoiles
mutantes,tondues,
gueules dépassionnées
de désir
transmuant l’intransmissible,
ce fémur masqué
de l'escobar
et tu gosses
dans l'ivresse
la placide entéléchie du jour
aube ouverte par derrière
en filipendule
qui gerboise
à l'hippodrome du lac Brome
avec ce timbre bleu dans la voix
avec du jus de poteau électoral
dans la sacoche de la majorité
gros lot, tire-lire
montagne sacreuse
dans le comté de Shefford
nue de sapins qui jappent
parmi les conservateurs;
la piste déviargée se couche
avant le décompte des votes
avec sa belle personnalité,
parmi les grands gris
mystagogues
en pepsi
lâchés lousses
dans le mercure
des petits poissons amérindiens
inconscients de leur calvitie déviargées
Ah! Mon côlisse de poteau électrique!
Tu te la fais
quaker
dans la
salière
ou bien

quoi, voyou !
Tu te fais toucher
le X
transcendantal
de l'unifolié
râpé
sur le yé-yé du zizi municipal,
ce camarade habitant
dans les paillettes
de sa Cabane au Canada!
Anyway!
le Cheuf sinueux l’a dit
dans le silo des niaiseries :
ensilez-vous par le menu fretin;
mélangez votre alphabet;
sortez l’ombre de votre patelin;
rabotez l'étrange mal animé
qui broute votre pacage;

Éteignez le feu sauvage!
Oui,la voirie mène à tout,
à tous, à tous les rivages...

Bonjour jolie romaine...
Êtes-vous communiste après tout?
Empruntez-vous un peu d’anglais au cas où
avec ce nouveau monde révélé?
Non! Alors, frottez-vous abondamment
avec du sentimental journey
en canot de l’arawak
sur les boulevards aux grands coquins bookés,
brochés de bouquins de blés d’Inde exotique
et de mannequins sans cachemire
sur le dos,
couvert de neige,
sans cauchemar de maquereau sur la peau
dans le ciboulot, le simulateur...
Ils ont tous l'air plus fous
les uns que les autres,
mais les mots,
les mots sans appel

tapés sur la cuisse
qui donne le flux?
Explication simple :
c’est à cause des grandes poires
de bougettes ouvertes,
gueules officielles
de baveux de castor
et de ficelles,

de jockey, de spencer, de sentences
de Guillaume Anagramme le Bâtard et j’en passe
qui troquèrent à la volée la culbute culturelle
leur langue maternelle...
Qui s’en rappelle?
Je n’ai plus de manche de pelle
Nom,je n'ai plus de mon...Abandon,
blaireau, engouement, courtisane,
porcelaine sur la lune,
plat de lentilles, Galilée,
l'angoisse des roches sur le pont...
Bien! Ça va faire!

Amen!
That’s it!

9 mars 2003 - 27 juillet 2008

22 mai 2008

Littérature : littérature




Il sévit, je trouve, un peu à la manière du regretté chroniqueur Robert Lévesque, en ce sens que son propos littéraire ouvre toujours de grandes fenêtres, laisse des traces de lectures stimulantes et non pas seulement la brillance du savoir faire de l'écrivain qui s'écoute écrire. Voici une plume qui se mouille, qui donne un point de vue et qui engage, ce qui n'est quand même pas si fréquent dans le roulis roulant des pages culturelles.

Je commence toujours ma lecture d'Ici par les articles de Maxime Catellier qui est aussi le jeune chef de pupitre de la section des Arts de cet hebdomadaire montréalais gratos.

Un jour, j'aviserai en parcourant ses recueils, entre autres parce que le surréalisme, il en connaît un bout, demeure à mon sens une formidable ascendance, un soupirail, une mine du côté de la surprenance.

Question de piqûre au-delà du «soleil qui sent bon» pour dire comme le poète Biz, j'aime personnellement encore découvrir qu'à tout instant les mots peuvent débouler comme une cordée de bois dans la chède aux pensées sans fin. Alors, il se passe quelque chose, en effet.

Catellier, le poète, vient de publier Bancs de neige aux Éditions L’Oie de Craven et il participera au 9e Marché francophone de la poésie de Montréal qui se tiendra du 29 mai au 1er juin .

Dans sa chronique de cette semaine sous le titre Chemin faisant où il recense le dernier essai de Nancy Huston (L'espèce fabulatrice), Catellier, de loin en loin, pose son sujet en rappelant d'abord le travail de réflexion d'Annie Le Brun, exemple de cheminement, selon lui, qui donne à penser et renvoie au «puits» de la littérature «(...) littérature qui toujours saura nourrir l'esprit de la lettre sans pour autant saisir la chance inouïe qui s'offre alors à la pensée en marche. Celle de quitter les chemins tracés pour les bois sans nord où certains ont décidé de jouer leur sort.»
Ici, vol 11, numéro 33, 22 au 28 mai 2008, p. 52.

Crédits photo : Sirius-joe, avec son aimable autorisation.

20 mai 2008

Y est pas là!


Encore un pas
au pays de roches de ce géant
et chanter pleurer dans le vent
le plus grand poète vivant
de l'Occident.

«You lose yourself, you reappear
You suddenly find you got nothing to fear
Alone you stand with nobody near
When a trembling distant voice, unclear
Startles your sleeping ears to hear
That somebody thinks
They really found you
-
Robert Bob, It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)

19 mai 2008

Appui aux auteurs de Noir Canada

«Barrick Gold, la plus grosse compagnie aurifère du monde, poursuit Écosociété pour 6 millions $ avec pour seul objectif de l’écraser et de la pousser à la faillite. Suite à la publication de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, Barrick réclame de la petite maison d’édition québécoise à but non lucratif, et des auteurEs de Noir Canada, 5 millions $ pour dommages moraux compensatoires, ainsi qu'un million à titre de dommages punitifs, ce qui représente 25 fois le chiffre d’affaires annuel d’Écosociété.

Cette poursuite-bâillon, ou SLAPP, est une lourde menace pour le droit à l’information, pour la liberté d’expression et donc pour la démocratie. Nous refusons de nous faire museler et entendons poursuivre notre travail d’éditeur engagé.
Écosociété demande toutes les formes d’appui possible pour mener ce combat de David contre Goliath.

(...)

Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique est la synthèse et l'analyse de documents nationaux et internationaux déjà rendus publics (rapports, livres, documentaires...), portant sur de nombreux abus de plusieurs sociétés canadiennes présentes en Afrique, notamment dans le domaine minier et pétrolier. Il porte aussi sur le soutien dont bénéficient parfois ces sociétés de la part du gouvernement canadien. Le débat que ce livre veut rendre public est d'autant plus légitime que les actifs des Canadiens (fonds de retraite, REER, fonds publics) sont souvent indirectement investis dans ces sociétés via la Bourse de Toronto.»

Source :Éditions Écosociété


Cf. entrevue sur radio Alternatives avec Alain Denault sous la direction duquel a été publié en avril dernier Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique.
Cf. également sur Radio-Canada le résumé de la mise en demeure de Barick Gold contre la maison d'édition Écosociété.

Pierre-Paul et les autres...















Pierre-Paul Desmarais :

«Homme de loi (notaire) et maître de poste de Saint-Jean-sur-Richelieu né en 1798 à Trois-Rivières. Ce patronyme est aussi épelé Demaray. Patriote appréhendé le 17 novembre 1837, en même temps que Joseph-François D'Avignon, pour implication dans une escarmouche avec un détachement de l'armée, à Saint-Athanase, le 10 novembre précédent;leur libération, le 17 novembre, par un groupe de patriotes dirigés par Bonaventure Viger, constitue la première échauffourée de l'Émeute de 1837. Se réfugie aux USA après la Bataille de Moore's Corner (6 décembre 1837). Patriote interdit de séjour en 1838 (28 juin) par proclamation du gouverneur Durham. Rentre au Canada en 1841. Premier maire de la paroisse de Saint-Jean-L'Évangéliste (1845-1847), puis du village de Saint-Jean-sur-Richelieu (1851-1854). Oncle de Joseph Duquette. Décédé en 1854.» (Wikipedia).

Bonne journée des Patriotes! Santé aux patriotes vivants!

«Nous voulons vivre dans un pays qui se donne les moyens de rester petit.»
- Hugo Latulippe

Dessin en haut de la page tiré de Manifestes en série .

18 mai 2008

Pommiers en fleurs à Béthanie



Cela est confirmé : le pommier est un arbre autochtone européen très antique, plus spécifiquement de souche française. Nos premiers parents étaient donc Français!

En l'an de grâce1620, le pommier voyageur a pris le bateau par les bons soins d'un Anglais qui traversait vers le Nouveau monde. Pas n'importe quel bateau : le Mayflower.

L'hermaphrodite à feuilles caduques a débarqué avec tout son attirail: ses carpelles, son calice, ses sépales, ses 20 étamines et son pistil au cinq styles, deux ovules, des pépins, de la cidrerie dans l'âme et tout ce qu'on pourrait inventer pour faire poète... Le pommier parle une langue inflorescente. En se recueillant à l'ombre d'un pommier, les Anciens croyaient qu'ils se purifiaient. Ce qui rejoint peut-être cette chanson de Dylan intitulée Apple suckling tree:

Under that apple suckling tree
Oh yeah!
Under that apple suckling tree
Oh yeah!
Underneath that tree
There’s just gonna be you and me
Underneath that apple suckling tree
Oh yeah!


Photos : jd

16 mai 2008

De profundis...

Souhaiter plus de profondeur à droite pour l'ADQ et son chef opportuniste qui est déjà bien enfoncé, n'est-ce pas aussi faire preuve d'un manque de perspective politique?

Péquistes et libéraux, trompettes et friselis en main, veulent tous deux créer plus de richesse, mais pour qui? À mon humble avis, un Québec que nous souhaitons inspirant, pour dire comme Hugo Latulippe, égalitaire, plus riche pour tous, ne pourra pas passer encore 25 ans sous la houlette des lucides et des profonds. C'est peut-être aussi ce que les électeurs des dernières élections partielles ont commencé à exprimer joyeusement. Méfiez-vous des profondeurs, disait Nietzsche, c'est à la surface que l'on respire.

Jacques Desmarais, Montréal, 14 mai 2008

Le Devoir, Lettres, édition du samedi 17 et du dimanche 18 mai 2008

15 mai 2008

Ferlinghetti : pitié pour cette nation!

«J'attends que quelqu'un vraiment découvre l'Amérique et pleure.» Parfois tu files cheap, tu ne sais plus où est ta place; tu ne fais pas partie pantoute de la gagne; tu es transparent oublié. On ne t’invite pas à lire; on ne te connaît ni comme poète, ni comme bâton de dynamite. Tu n’es qu’un surnuméraire tout juste bon pour tenir la porte pendant que les autres passent. Pas assez smatte, pas assez wroups, pas assez whip, pas assez slim! Parmi les révoltés excités des années 1950, à New York, les Kérouac, Ginsberg, Snyder, les jazzeuz, fumeux de pot et cie, c’est comme cela que se sentait parfois celui qui allait devenir le doyen des beats vivants, j’ai nommé Lawrence Ferlinghetti, né en 1919, peintre, éditeur et libraire devenu célèbre avec son City Lights Books, auteur notamment de A Coney Island of the Mind (1958), un best seller de la poésie vendu à plus d’un million d’exemplaires, Poet Laureate de San Fransico nommé en 1998 (espèce d’Académie française dont la tradition remonte à Charles II). Pas pire comme parcours pour un radât. Après Ann Chambers, Ferlinghetti se rappelle bien la soirée retentissante qui catalysa le mouvement beat au cours de laquelle Allen Ginsberg fit pour la première fois la lecture saisissante de Howl. Ça se passait au 3119 Fillmore, au Six Gallery, le 7 octobre 1955 à 20h00... Six poètes sont à l’affiche de la séance de lecture, le slam n'étant pas originé de la dernière pluie. Philip Lamantia ouvre le bal suivi de Philip Whalen et Michael McClure. Après une brève intermission, Kenneth Rexroth, l’animateur de la soirée, introduit Ginsberg. Ce dernier entame sa lecture avec cette phrase choc : «I saw the best minds of my generation destroyed by madness...» Kerouac a apporté du vin en masse et est assis sur le côté de la petite scène basse. En mode survolté, il encourage Ginsberg en scandant des «Go!» à la fin de chaque strophe. Ébahi, ébloui, le public présent, plus de cent personnes, embarque à son tour en poussant de chauds encouragements au lecteur qui brûle les planches. Si bien qu’à la fin de sa performance, Ginsberg sort de scène ému au coton, en larmes. «Allen was really a master performer», dit Ferlinghetti. «He could really turn the audience on.» (Cf. Paul Iorio, A «Howl» That Still Echoes Ginsberg poem recalled, Chronicle Staff Writer,28 oct. 2000). C’est Ferlinghetti qui a cueilli le manuscrit pour le publier l'année suivante. En 1957, un procès fut engagé contre l’éditeur pour propos obscènes. La charge ne fut pas retenue par le juge. Ferlinghetti venait de commencer sa job de veilleur de nuit, épandeur de poésie, porteur de flambeau.

14 mai 2008

Ces mots qui vibrent...

«Nous prendrons le temps de vivre, d'être libre, mon amour»
- Moustaki

Mai 68. J'ai reçu ce matin ce courriel de l'ami René Merle accompagné d'un article que je partage avec plaisir.

Merci pour cette joie du 13 mai. Ce jour, j'ai longé le Rhône et les peupliers, les aulnes, neigeaient leurs filaments, comme dans Amarcord du père Fellini.
Et pour moi ce 13 mai était un double anniversaire; cf. ci-dessous.
Amicalement
René Merle

- De Mai en Mai. A propos du 40ème anniversaire de Mai 68.


À noter qu'en plus d'être sur le site de l'auteur, l'article a été publié dans la revue en ligne La sociale où je découvre aussi des articles de mon vieux camarade Damaggio avec qui j'ai enseigné en Louisiane et dont le nom même nous renvoie au ciel de mai.


Slam Québec : les demi-finales.

Du côté de SlamCap, on baigne déjà dans les 400 coups des demi-finales. On trouvera toutes les infos chez l'ami Leroy K. May, lui-même finaliste :

Slam de poésie
Première demi-finale 2008 de la Capitale
Lundi 19 mai
Ouverture des portes : 20h
Au café-bar L’AgitéE (251 rue Dorchester, Québec)
Entrée : 3 $

Arriver tôt, c’est payant : tirage de quelques cadeaux pour ceux qui se présentent avant 20h30.
(...)

Répartis en deux joutes, les 16 slameurs gagnants de la saison régulière (et ceux qui ont obtenu les plus hauts scores) se démèneront pour gagner la faveur du public dans une compétition amicale.


Comme toujours, n’utilisant que le pouvoir de sa prestation et de ses mots (sans accessoire, ni instrument de musique), chacun n’aura que trois minutes pour convaincre un jury choisi au hasard dans l’assistance… au slam de poésie, le grand maître du jeu, c’est le public ! Et la poésie est toujours gagnante.

Une partie de plaisir où les mots, la voix, la bouche et le rythme nous réservent des surprises.

Les slameurs :
  • Denis Belley
  • Frédérick Carrier
  • Christine Comeau
  • Valérie Côté
  • Jean Désy
  • Edmé Étienne
  • Roger Mariage
  • David Verret
Slammestre : André Marceau.
Juge de ligne : Annie Beaulac.
Ponctuation musicale : DJ Pistémique.

Avis aux slameurs : un slam ouvert suivra la partie. Le slam ouvert, hors compétition, vous permet de partager votre créativité… inscription le soir même.
***
En plus des infos régulières sur les activités de SlamCap, LKM vient d'initier sur son blogue la publication des textes des slameurs. Heureuse initiative qui ouvre l'espace de la lecture au feu roulant de l'oralité propre aux performances slam.

Si j'avais les L d'un SLLAM, j'partirais pour : QUÉBEC!




Slam et Néorhino à Sherbrooke

Il y a du slam cette saison au Tremplin de Sherbrooke. Grâce à Sylvain Bérubé, on retrouve sur You Tube des archives sur le passage de quelques slameurs.

Mais il y a d'autant plus le blogue des slameries chères brookoises : drette icitte. On y apprend que les «finales régionales» se tiendront le 23 mai. Huit finalistes se disputeront une place à la finale de la LIQS à Montréal, le 24 septembre 2008. Les slameurs estriens sont :
  • Lénième
  • David Fafar
  • Sophie Jeukens
  • Jean-Philippe Robichon
  • David Goudreault
  • Jean-Michel Fontaine
  • Jean-François Vachon
Sylvain Bérubé publie également des extraits d'une soirée bénéfice slam poésie qui a eu lieu plus tôt, en janvier 2008, pour le parti Néorhino. Esquissé pendant l'entracte, on peut entendre ici le slam sans prétention de Sébastien Corriveau, candidat du parti de la grande corne dans le coin de la Reine des Cantons-de-l'Est. Sympathique et pas mal drôle.

13 mai 2008

Le prix Nelligan à Danny Plourde



J'apprends par les
Fenêtres ouvertes que Danny Plourde, le poète baromètre originaire de St-Jean, se mérite le prix Nelligan pour Calme aurore (s'unir ailleurs, du napalm plein l'oeil), aux éditions de l'Hexagone.

Je suis très heureux pour lui. Sa poésie précise et franche, grave et drôle, ponctuée d'harmonica, de manif, de voyages, d'écoliers coréens regardant par la fenêtre sale de l'autobus, d'amour de Calme Aurore, tout cela est sacrement beau. Félicitations!


Pour une critique de Calme aurore, voir Jean Paquin dans Lettres Québécoises, 27 novembre 2007.

Crédit photo : Charles Marsan, Slam, Patro Vys 2007.

11 mai 2008

«Et j'ai le pied marin dans ma course inutile...»

J'ai cherché en vain du Track'n Steel; j'ai abouti à La valse d'hiver, très belle mélodie, composée par l'autre Philippe (Bruneau). Mais La valse d'hiver alors qu'une odeur de muguet taraude mon odomètre? En passant, c'est le désert sur Ton Tube autour de Bruneau; idem pour Carignan.

J'ai pensé à Vivre en ce pays... ou ailleurs de Pierre Calvé que popularisa Charlebois. Parce que j'adore cette chanson et aussi parce que je pense beaucoup ces temps-ci aux Manifestes en série de Hugo Latulipe, les lundis au Canal D. Cette série est un évènement du point de vue cinéma documentaire, écriture, pensée, émotions, beauté des êtres de ce pays. Vivre en ce pays. «Nous voulons vivre dans un pays qui épaule avec amour tous ses enfants», pouvait-on entendre en conclusion du dernier épisode portant sur l'éducation.

Mais je n'ai pas trouvé inspirant le seul vidéo illustrant cette chanson, un extrait d'un spectacle récent de Charlebois en France. Alors restons avec Calvé et poussons loin au début des années soixante. Il y eut un téléroman de Marcel Dubé à la télé, peut-être De 9 à 5, qui avait comme thème au générique de la fin la chanson Quand les bateaux s'en vont, une composition de Calvé-Vigneault. Peut-être que ma mémoire fait dans le gâteau marbré. Peu importe. Cette chanson-là tient la route. C'est-à-dire l'entre deux de nos parcours de Sisyphe.

Je l'aime autant qu'à 12 ans.

QUAND LES BATEAUX S'EN VONT
paroles: Gilles Vigneault
musique: Pierre Calvé


Quand les bateaux s'en vont
Je suis toujours au quai
Mais jamais je ne pars
Et jamais je ne reste

Je ne dis plus les mots
Je ne fais plus les gestes
Qui hâtent les départs
Ou les font retarder

REFRAIN:
Je ne suis plus de l'équipage,
Mais passager
Il faut bien plus que des bagages
Pour voyager

Quand les bateaux s'en vont
Je reste le dernier
À jeter, immobile,
Une dernière amarre

À regarder dans l'eau
Qui s'agite et répare
La place qu'il prenait
Et qu'il faut oublier

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je refais à rebours
Les départs mal vécus
Et les mornes escales

Mais on ne refait pas
De l'ordre au fond des cales
Quand le bateau chargé
Établit son parcours

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je suis silencieux
Mais je vois des hauts fonds
Dans le ciment des villes

Et j'ai le pied marin
Dans ma course inutile
Sous les astres carrés
Qui me crèvent les yeux

REFRAIN

Quand les bateaux s'en vont
Je reste sur le quai


09 mai 2008

Slam de mai dans le ciel montréalais

O PATRO VYS (356 Mont-Royal Est) lundi 12 mai, à 20h00,
Entrée : 5 $
Ouverture des portes : 19h30

Slameront pour notre plaisir :

Christine Germain (ex-décrocheuse d'étoiles), Marie-Paule Grimaldi, Mario Cholette, Manu Salvail, Renaud Lamy, Eric Roger, Evens Suprême, Clothilde, Loudo Simbille, David Paquet et Xavier Laporte.

08 mai 2008

Vale un Potosi



















La mine d'argent et d'étain de la ville bolivienne de Potosi est littéralement considérée comme le point d'encrage ou «d'engraissement» du capitalisme européen.

Ma fille Sarah et son ami Philippe ont passé par là lors d'un séjour l'automne dernier.

«Salut Papa,
voici les photos que tu m'as demandées. Pendant que les Espagnols faisaient la fête, jusqu'à huit millions d'indiens mouraient dans la mine. On raconte qu'ils pouvaient rester plusieurs mois sans en sortir... Aujourd'hui, les différentes sections sont divisées en coop. Les mineurs mâchent de la coca pour pouvoir travailler plus longtemps. Ça coupe la faim. Pendant une certaine période, les prix des métaux ont chuté sur le marché international et plusieurs se sont dirigés vers la vallée pour cultiver la terre (...) Lors de notre passage, les prix avaient repris le dessus (...) La montagne du nom de Cerro Rico est classée patrimoine mondial par l'Unesco. Il resterait encore beaucoup de minerai. On prétend même qu' il faudrait raser la montagne pour exploiter la mine au maximum. Voilà ce que je me rappelle...»



Malgré l'organisation en coopérative, les conditions de travail restent moyenâgeuses.

Photos : Sarah / Philippe

Autre témoignage : «Potosi. Le choc et la consternation. Ville de la honte pour l'Europe pour y avoir pillé la Bolivie de ses richesses minières (argent pur!) et pour n'y avoir laissé que la désolation et les os de plusieurs millions d'esclaves et de travailleurs (...) Depuis 1545, ce sont plus de 30.000 tonnes d'argent qui furent extraites du Cerro Rico (montagne qui domine Potosi), et directement envoyées vers l'Europe. Au début, le minerai était si riche qu'il n'avait pas besoin d’être traité. Les espagnols développèrent a grande échelle la culture de coca pour "nourrir" et "encourager" leur main d'oeuvre. Au 17ème siècle, Potosi était la plus grande ville d’Amérique et d'Europe (...)»

06 mai 2008

Marcelle Ferron - Rétrospective 1947-1999




Heureuse rétrospective des œuvres de Marcelle Ferron à la galerie Simon Blais, artiste majeure, femme qu'on a beaucoup admirée et aimée.

À tous les jours de la semaine, passant par le Champ-de-Mars, je me laisse darder par les échos furtifs de lumière qui s'infiltrent jusque sous la terre, traversant le jeu de la verrière du métro, œuvre vivante réalisée par Ferron il y a 40 ans.

«L’exposition Rétrospective 1947-1999 rassemble une soixantaine d’œuvres sur toile et sur papier, la plupart provenant de la succession et donc jamais présentée au public jusqu’à ce jour».

Galerie Simon Blais
5420, boul. Saint-Laurent, #100 Mtl
au sud de St-Viateur
(514) 849-1165

03 mai 2008

Carnets pelés 21 - Gosseux de poils de grenouille


Toujours est-il que j'ai fini par racheter la terre.


J’ai rouvert la maison en avril.

J’y ai trouvé l’abandon et la sauvagerie. Partout. De fond en comble.

Les châssis doubles n’avaient pas été enlevés depuis trente ans! Des hordes de chats effarouchés, avec du pus au coin des yeux et de la morve au nez, courraient se réfugier d’un bâtiment à l’autre. On venait les nourrir en cachette.

Avec une fourche, j’ai zébré l’épais ramassis de fils d’araignées dans la cave de terre battue; on aurait dit un rideau de stalactiques figé, des vagues de poussière suspendues dans la noirceur humide du temps.

Mets ensemble tous les mots grattelle de navire éclopé que tu peux, pis brasse-les!

C'était un carnaval de dislocations, de malheurs chavirés, de vie arrêtée.

Mais c’est plus fort que moi : je sais l’envers de la solitude égorgée sur cette place. J’ai mémoire des lilas et des gadelles, des folles avoines qui ensoleillaient le bord des étangs; du bleu caché dans la neige rendu au mois de mars; des matins de noces de mes grandes sœurs avec des invités partout et ces belles dames toilettées, on aurait dit des pivoines marchant dans la cour; j’ai mémoire du bois scié, cordé; des étés engrangés; des pelletés de terre, de neige, de fumier, de la sueur épongée, des échardes, des ampoules; les crapauds, les couleuvres, les barbots; les bêtes contentées; la propreté de ma mère; je me souviens de la langueur des dimanches un peu plattes où l'on se berçait à l'ombre sous le gros érable en avant de la maison et des midis calumets si brefs des jours de la semaine percolant à la radio dans les cascades des Joyeux Troubadours...

J’ai tout sorti dehors : matelas de plumes, manteaux mités, guenilles, prélarts, piles de journaux datant de la nationalisation de l’électricité...

Cinquante ans de vie comme une montagne qui déboule.

J'ai fait des feux pendant des jours entiers dans un vieux baril édenté.

Je suis le dernier des boucaniers. Je tourne la page.

Je n'en finis plus de rentrer dans un temps qui me renvoie à lui-même et me fait disparaître.

J'ai retrouvé dans l’ancien potager ma balle rouge brique avec des marques de crocs de chien imprimées dedans.

Enfance télescopée.

J'ai retrouvé la vieille boîte aux lettres en aluminium avec, sur les deux côtés, le nom de mon père, Doloré, tracé en lettres noires de sa main. Il faudrait la débosseler, l'arranger un peu, pour la fixer à nouveau sur un piquet de cèdre afin de recevoir, qui sait, les nouvelles et les cocos de la sittèle, du pic flamboyant, du goglu...

Cela n'a pas grand allure d’attendre encore quelque chose, n'est-ce pas?

Mais voilà tout mon trésor.

Ma nouvelle manière d'écrire.

Avec un ancien pas de prairie qui me fait sourire.

Voilà mon air. Mon feu. Ma solitude. Mon agir. Mon incompréhension.

Ma cédrière où il ne se passe jamais rien. D'où le mystère...

Ma riche pauvreté d’ailes de monarque en cette fin de siècle de ruine babioles.

Voilà mon pied d’athlète de «gosseux de poils de grenouille».

18 octobre 1996 - 3 mai 2008.


02 mai 2008

La cicatrice des rêves

Or jamais je ne croirai que la mousse de l'ombilic des rêves pourrait s'oublier dans la chute d'un lapsus au point où l'esprit des mots se liguerait en un symptôme définitif de la voix. Comme à bâtons rompus.
***

01 mai 2008

Train de nuit à la veille de...
















J'ai été incapable jusqu'à maintenant de retracer la référence de cette photo.
Mes excuses à l'auteur (quelque part en France, je crois). Mais je l'aime trop cette image de flèche bleue qui enrubanne la nuit le temps d'un bref passage.

Puis, c'est la veille du deuxième anniversaire de Train de nuit... Petit train ne va pas toujours loin. Mais s'il est vrai que le symbole donne à penser, il conviendra après 448 «messages» de symboliser un brin le sentiment qui m'anime, aussi vif aujourd'hui qu'au début de ce blogue, en évoquant le désir d'être en mouvement, d'apprendre plus qu'on peut donner, de filer doux à travers son ignorance - au sens du Maître ignorant -, intervenir, transformer un tant soit peu «le parc d'attraction qu'on a dans la bouche» (slameur entendu dimanche dernier au QdB et dont j'ignore le nom), plaisir toujours renouvelé d'inventer quelques pas sur les vieux chemins de traverse d'Hermès, emmêlés à la parole des chemineurs, des voyageurs, des autres blogueurs. Paysages du sens qui émergent librement.

Comme je le lisais chez le poète Tony Tremblay, il n'y a pas que le blogue dans la vie. Peut-être, faut-il raffiner les énergies, user du silence comme une flamme, faire l'amour plus souvent et mieux. Peut-être suis-je un drogué, un dlogué, un timbré. Peut-être faut-il tout balayer, sacrer tout ça dans le rond de VLB, repartir à zéro?

Reste que j'ai le sentiment d'avoir fait jusqu'à présent un beau voyage à peu de frais.

Merci infiniment à ceux et celles qui me font l'honneur de monter à bord.

«Car ma joie, aujourd'hui, ça commence avec toi.»

Justement, en musique, je propose en reprise l'intense
Cássia Eller du Brésil...






Le 1er mai




En France, le 1er mai, il y a du muguet partout. Le muguet ici, c'est pour plus tard. Mais c'est quand même le Fête des travailleurs et ça me fait toujours drôle de savoir que le Québec est le seul endroit en Amérique du Nord à souligner cette journée. Pourquoi c'est faire que le Haut Canada n'est pas game?