La capitale de Cubec, c'est Rhum!

L’orbe des passions
La chute des plus frais désirs
L’enthousiasme neuf de mon rêve ancien
Le survol plané de paroles empennées qui vont droit au cœur
Les plus amples métamorphoses
Le virus des grandes profondeurs
Les vertes espérances des cœurs adolescents
Les pirateries les plus cruelles
La conflagration des robes de l’égoïsme
Le silence en parasol
Les quatre vents du délire
Les débâcles d’énigmes
La tristesse de cinq heures du soir en novembre
Dans l’antre de la vie close
Les regards oxydés de l’occident
Miracles des yeux mariés au monde
Le désir tisse sa toile
Dans le miroir du regard
Dans la profondeur des mots retenus
Les grandes mains closes
Les doigts emmêlés dans une confidence
Les pieds nus dans la glace fondante
La grande marée solennelle des orgasmes
Sous un arbre au seul tronc impérissable
Les mots blessés qui faussent le vol de la parole
La lente pulsation - résurrection des sèves
Les pensées en fleurs
Le dahlia bleu de l’espoir
Cette grande rumeur végétale
Je marche dans la mémoire des chrysanthèmes
Frêle insecte frère debout dans le soleil
Comme une voix d’arbre
Un signe de la main
Un seul mot innommable
Floraison des voyages délétères
Pour la pêche de l’aube
Sur la grève du temps
La serrure des saisons
Au long du vaigrage
Comédiens fantômes
Marionnettes invisibles
Épouvantail à moineaux
Peuple d’ombres
Sorciers de tribu
Fœtus à barbe
Vieux mystères et jeunes merveilles
Sans le manteau de bruit qui tisse le passage des trains
La clé des chants
Les soirs garance
Les aubes fondantes
Les fleurs de mémoire
Sous l’orgueil congelé du silence
La liberté des icebergs
Les pensers soleilleux
Le reflet polychrome du pétrole sur l’eau
La transparence des poissons lumineux et aveugles
L’acier des secrètes armes
Dans la rue Isabelle
Sous la voussure du ciel
La prochaine conjonction des regards
L’œil tournant des phares
Sous l’arcade du froid
Dans le marais salant de nos larmes
Vers la tendresse des soirs violacés
Dans ce monde où le rouge crie tué par la détresse mauve
La théophanie des cristaux
La bulle d’air du mot amour
Les astérisques d’ivoire
Les semailles de froidure
Le brouillon de planètes
La dalle d’aubes fondantes
Le vent de mars cette année n’a pas renversé les sabliers de mémoire.
L’écriture des allées et venues, des pas entrelacés sur le quadrillé des rues métropolitaines
en (a) dit plus long que tous les poèmes sur la texture de mon être.
Par-dessus le tintamarre des trains et des trams s’entendait le tam tam de mon sang,
(mais) avant ce jour, des silences innombrables battront de l’aile.
* Bibliographie :
Pour en finir avec la mort, Légitime démence, 1990
L'Autre versant, Chemins de plume, 2005
La nuit des gueux, collectif, La plume libre, 2006
Photomaton, collectif, En.ligne.Édition, 2006
Parce que, Chemins de plume, 2007
Manquablement, Chemins de plume, 2009
Photo : jd.
Le temps s’abeausit. Les corneilles sont revenues en masse du Mexique. J’ai traversé l’autre samedi en cambrousse le jardin un peu bouetteux, bordé de pieds de lin séchés. En catimini, un vert prime était en train de faire un rond éclatant autour des fleurs guimauves. Les corneilles, je les ai écoutées cet après-midi un bon quinze minutes en fermant les yeux. J’ai failli m’endormir au soleil sur un banc du parc Maisonneuve avec Lucky couché dessous. Je me suis dit que ce ciel printanier était un drôle de grimoire sonore et que cela chatouillerait les oreilles pointues d’un étranger de passage dans nos parages. Si tu pousses des petits cris furtifs pas trop baveux là où perche la noiraude bleue, il se peut qu’elle te réponde dans ta langue. Elle est polyglotte, la corneille, c’est-à-dire qu’elle est capable d’imiter le cri des autres animaux. Mais avant tout, une corneille craille. Et ça emplit le ciel.
Photo : Indydan (son travail photo est magistral).